« Depuis une décennie, le monde connaît un boom minier. Présenté comme une opportunité unique pour nombre de pays du Sud, il constituerait une source de croissance qui permettrait tout à la fois de créer des emplois, d’assurer des recettes fiscales aux États et, par là même, de leur donner les moyens de leur souveraineté. L’exploitation minière est ainsi devenue une composante clé des stratégies de développement de plusieurs États, institutions internationales (Banque mondiale) et organisations continentales (Union africaine), ainsi que des relations commerciales Sud-Sud, marquées par l’expansion de pays émergents comme la Chine, l’Inde et le Brésil. Parallèlement et en fonction de ce boom minier, les conflits n’ont cessé de se développer et de s’intensifier, centrés sur la répartition des richesses produites, mais aussi sur les dégâts environnementaux, sociaux et politiques occasionnés. Selon une version optimiste, la prévention, la gestion et, de manière générale, une meilleure « gouvernance » pourraient sinon éliminer ces impacts négatifs, du moins les réduire grandement.
Mais les mines posent des problèmes radicaux en termes de territoires, de souveraineté et de limites écologiques, qu’il est impossible de compenser. Elles tendent à reconduire la logique coloniale des relations politique et économique, qui met à mal les droits, parfois contradictoires, et l’autonomie des différents acteurs – locaux ou nationaux, peuples autochtones, États… Les résistances que suscitent les industries minières tiennent alors tout autant à leurs effets qu’à leur mode de fonctionnement… »
Numéro d’Alternatives Sud, réalisé en collaboration avec la Commission Justice et Paix, et le Réseau belge des ressources naturelles