Les partenariats multi-acteurs constitueront le 17ème des Objectifs du développement durable (ODD) qui seront adoptés à New-York à la fin du mois. En quoi constituent-ils des leviers importants pour les ODD ? Et comment les impactent-ils ?
C’était le sujet d’un débat animé par Mme Stephanie Schmidt, Ashoka France & Convergences qui réunissait M. Pierre Victoria, Veolia & Cercle Français de l’Eau ; M. Guido Schmidt-Traub, Sustainable Development Solutions Network (SDSN) ; Mme Friederike Röder, ONE France ; Mme Pascale Guiffant, SUEZ-Environnement et Mme Brigitte Dumont, Groupe Orange.
Après un bilan synthétique sur les OMD, M. Guido Schmidt-Traub a souligné que les ODD, comme les OMD, sont les objectifs de tous et non des Nations Unies. En cela ils ont un effet mobilisateur, à l’image d’un chef d’orchestre, et constituent une clé de compréhension du monde en donnant une vision globale.
A l’heure des bilans, un des constats sur les OMD est la disparité avec laquelle certains ont été atteints et d’autres non. Quelles sont alors les « bonnes » pratiques ?
Suivant l’exemple de la santé, alors que les objectifs étaient extrêmement ambitieux, les progrès sont extraordinaires : la mortalité infantile a été divisée par 2 en 25 ans ! (Lire l’article paru dans Le Monde le 09/09/2015, ou consulter l’article -en anglais- « Getting to Zero: Finishing the Job the MDGs Started » de J. Mac Arthur 2012). Ce secteur a fait l’objet de partenariats publics/privés forts, permettant une structuration projet (avec mise en place d’indicateurs au niveau mondial), un engagement conjoint des états, du secteur privé et de la société civile, la mise en place de financements globaux et l’émergence de solutions innovantes.
Mme Guiffant, directrice adjointe du développement durable et réputation chez Suez Environnement, est revenue sur l’importance de la vision transversale (plutôt qu’en « silos ») qu’entraînent les OMD/ODD et a souligné que les plans nationaux sont autant d’occasions de dialogues.
Pour illustrer l’importance des partenariats privés publics (PPP), Mme Guiffant a détaillé deux projets de Suez-Environnement :
- A Mumbaï : comment donner l’accès à l’eau à 1 million de personnes en 5 ans de façon durable ? Pour ce projet conclu avec la municipalité de Mumbaï, une équipe de 20 personnes a été constituée afin de travailler avec les collectivités environnantes en amont du projet (identifier les acteurs, identifier les bénéficiaires, mettre en place des indicateurs,….). Voir la présentation du programme « Water for slum ».
Si cette démarche nécessite un délai de 15 mois pour la pause du premier tuyau, au lieu de 6 traditionnellement, elle permet d’inscrire le projet dans la durée. - A Meknès, au Maroc, la mise en place d’un système de gestion et valorisation des déchets a impacté les chiffonniers, premiers acteurs locaux de la valorisation des déchets, et population traditionnellement marginalisée. Aussi le projet a-t-il pris en compte cette dimension sociale et a inclus les chiffonniers en leur fournissant un travail salarié, et en proposant un « module » de ré-intégration. Ce module, qui aborde des thèmes spécifiques tels que l’accès aux soins, les addictions,… a été réalisé avec les acteurs de la société civile, seuls à mêmes d’appréhender les besoins. Plus sur le site de Suez-Environnement (« Intégrer les récupérateurs informels… ») ou lire l’article de L’usine Nouvelle.
Parallèlement, Suez-Environnement s’est engagé dans d’autres types de partenariats comme celui sur la gouvernance de l’eau lancé par l’OCDE avec pour objectif d’identifier les « Best Practices » ; ou encore avec MakeSense pour la création d’une plateforme numérique de soutien aux entrepreneurs sociaux et environnementaux ayant des projets sur la gestion des déchets ou d’accès à l’eau.
Pour M. Pierre Victoria, directeur développement durable chez Veolia, et membre dirigeant du Cercle français de l’eau, les challenges posés par les problématiques d’accès à l’eau ont été longs à être traités efficacement sur le plan mondial.
Ainsi, après une première phase de 10 ans de définition d’objectifs et indicateurs (l’accès à l’eau, mais quelle eau ? Eau non polluée, eau potable,…), l’approche top-down des OMDs n’a pas permis d’aller sur les solutions, notamment technologiques. Les approches actuelles, qui incluent notamment la concertation, permettent la mise en place de solutions concrètes, adaptées et concertées.
Par exemple, Veolia, après une réflexion sur les freins à l’accès à l’eau, a conçu une méthodologie « ACCES » qui inclut l’intégration de la médiation, le processus d’appropriation des systèmes hydriques et un dialogue multipartites. Cette méthodologie a nécessité des changer les process de manière significative tout en développant de nouveaux savoir-faire. Par exemple historiquement, Veolia dialoguait uniquement avec les gouvernements, alors qu’à présent la société civile participe au dialogue.
Ce savoir-faire, Veolia « l’exporte », par le biais de la fondation Veolia, comme par exemple en RD Congo pour lutter contre la réapparition du choléra. Plus sur le site de la fondation Veolia.
Ces deux exemples sur l’accès à l’eau illustrent l’apport que constituent les partenariats tissés entre acteurs étatiques, acteurs économiques et société civile pour tendre vers l’accès à des besoins primaires et universels.
Photo : F. Lefèbvre (site EuropeAid)