L’histoire des salons et fora internationaux, à caractère touristique, nous révèle que chaque région du monde souhaite toujours présenter ce qu’elle possède comme originalité ou, si on veut, comme innovation. Elle (région) souhaite s’affirmer pour se distancer davantage des autres, à travers la promotion de ses ressources variées, la disponibilité de ressources et d’infrastructures de qualité, et de plus en plus, le niveau d’éducation du plus grand nombre à la culture touristique.
Par ailleurs, ces événements tiennent aussi lieu de rendez‐vous d’affaires, du « donner » et du « recevoir ». Ils pourraient servir également de cadre propice pour le partage d’expériences, mais aussi pour la « veille » à travers des réflexions intelligentes, visant à développer l’industrie du tourisme et, en même temps, pour le cas du Cameroun par exemple, à faire face aux exigences de la nouvelle économie.
Pendant que nous y sommes, les manufactures en provenance des pays du Nord celles du Sud qui, pour la plupart, demeurent dévaluées. Ces derniers pays, dits en voie de développement, n’ont presque plus que leur seule nature à exhiber pour assurer la survie de leurs économies. Et dans le même temps, la problématique du réchauffement de la terre et des changements climatiques préoccupe ; les chances d’un développement calqué sur le modèle universel, s’avèrent, de fait, quasiment impossibles.
Face à une telle situation, comment soutenir le développement possible des pays du Sud dans l’ère de la nouvelle économie ? Quels secteurs, quelles filières, autant que d’autres pourrait favoriser une meilleure compétitivité de des appareils/moyens de production disponibles ?
Pour tenter de répondre à ces questions dans un contexte international marqué par une compétitivité accrue des économies, il est opportun d’envisager un développement bien négocié qui vienne de l’intérieur et qui mise sur le secteur tourisme : première industrie d’exportation des invisibles dans le monde.
De manière concrète, le réseau d’affaires GO AFRICA Business, qu’accompagnent les pouvoirs publics et des institutions internationales compétentes, se sont retrouvés les 15, 16 et 17 mars 2013 à Kribi autour du Salon International du Tourisme « Vert » baptisé Afrika‐Messe‐Kribi. Le thème général des travaux portait sur les « Défis et Enjeux de l’industrie Verte dans les Pays du Sud, le cas du Cameroun ».
Nous voulions à travers cet événement établir un pont entre le développement industriel, le développement de l’activité touristique et l’épanouissement des populations riveraines.
Ainsi, notre challenge a été:
• De réunir tous les acteurs de la filière tourisme au Cameroun autour des thématiques pertinentes qui traitent de la problématique du tourisme durable dans les pays du Sud ;
• D’interpeller toutes les administrations impliquées dans la gestion touristique, afin qu’elles prennent conscience de l’enjeu du développement du tourisme durable ;
• De montrer à la communauté internationale que plus que jamais, le Cameroun entend mettre sur pied, des mécanismes de sécurité des biens et des personnes,
pour que s’épanouisse le tourisme ;
• D’interpeller les populations sur l’intérêt de la pratique du tourisme durable dans un environnement aussi complexe et vulnérable que la côte ;
• D’envisager un cadre d’incitation pour l’implication des populations locales elles-mêmes dans la promotion de nouvelles formes de tourisme, la vente et la commercialisation de produits aguicheurs.
Plusieurs limites relevées, à l’issue de cet événement pilote, nous ont permis de mieux penser la prochaine édition baptisée « Tour Horizons », qui se tient du 24 au 26 janvier 2014 dans la ville de Kribi sous le thème : tourisme durable et réduction de la pauvreté. Mais il faut dire que l’édition pilote a surtout permis de présenter autrement la destination Cameroun, d’introduire le concept « vert » qui talonne le tourisme durable et de montrer l’intérêt pour toutes les parties directement ou indirectement
concernées, à se mettre ensemble pour stimuler le partenariat public‐privé et consolider la croissance.
A cet égard, Kribi a été choisi parce que restée comme une opportunité pour le Cameroun de développer réellement le tourisme balnéaire, ce pôle de développement touristique abrite actuellement plusieurs projets dits structurants dont la finalité est d’accompagner la marche du Cameroun vers l’émergence en 2035. Toute chose qui pourrait bien hypothéquer les chances pour les générations futures de bénéficier de tous ces atouts naturelles qui valent tout son pesant d’or à son paysage pittoresque et sa population composite (Mabi,Batanga, Peuples autochtones et autres expatriés) qui a, jusqu’ici, vécu en harmonie parfaite avec son environnement biophysique.
Nous entendons interpeller tous les acteurs sur la prise de conscience de l’amenuisement du patrimoine culturel et naturel tributaire du développement de l’activité touristique. Il est donc clair que l’urgence est à l’appropriation et à l’intériorisation des pratiques du tourisme durable qui, à notre sens, pourraient permettre de concilier développement industriel et développement touristique dans ce pôle de développement économique.
Un pays comme le Cameroun a tout à offrir de par ses différentes étiquettes de véritable Afrique en miniature, de Pays du Char des Dieux, de Terre d’Accueil, de Havre de paix…
Depuis quelques années, le tourisme, cette activité souvent négligée, se positionne au rang des cinq (05) premières priorités du gouvernement camerounais ; celles de favoriser le retour à une économie plus compétitive et conquérante. Mais une telle vision ne peut se produire que si les partenariats évoqués plus haut sont effectifs ; et aussi que la société civile, sans perdre de vue les populations locales elles‐mêmes, intègrent l’ère de la décentralisation, visiblement favorable à l’amélioration de leurs conditions de vie.
Toutefois, cela ne suffit pour garantir dans la durée, un environnement sain et profitable aux générations futures vivant principalement dans des régions à fort potentiel, plus ou moins entamées. La responsabilité sociale du gouvernement et des entreprises doit pouvoir permettre une expansion justifiée des filières de croissance comme le tourisme, l’agriculture, l’art et la culture, la pêche, etc. ; de même, cette responsabilité devrait encourager la mise en place de petites unités industrielles de transformation pourvoyeuses d’emplois durables.
Puisqu’il s’agit de réduire la pauvreté, aucune activité ne doit être minimisée, aucune action participative en faveur de l’équilibre environnemental, ne doit être perdue non plus. En misant sur le tourisme, plusieurs autres activités connexes sauront concourir au rayonnement international de telle ou telle région. Ainsi, de nouvelles formes de tourisme comme l’écotourisme, le tourisme responsable, le tourisme solidaire, le trekking, le tourisme balnéaire, le tourisme de vision, le tourisme thématique, …, vont connaitre une expansion fulgurante.
Ayant mené, en mars – mai 2007, une petite étude sur le niveau de connaissance du Cameroun des touristes en séjour, nous nous sommes rendus compte de ce que 68% (tout touriste étranger confondu) avait une connaissance générale de la destination, 24% avait hâte de découvrir ce pays unique et une minorité voulait « juste changer d’air ». Au‐delà de cette étude, nous avons remarqué que 2/3 de touristes recherchaient le contact avec la nature et les peuples, et n’avaient aucune exigence en matière de luxe, sinon de sûreté, de ponctualité et de propreté des lieux visités. Mais il faut dire que certaines
informations qu’ils avaient à leur disposition, sur les aspects sécuritaires notamment, n’étaient pas les plus actuelles, et ceci pourrait justifier pourquoi la plupart d’entre eux ne sont plus revenus, pour cause de n’avoir pas consommé le « produit » tant recherché.
Heureusement, il y a quelques années seulement, le Cameroun a atteint le cap de Destination Touristique. Il faudrait espérer qu’une image plus positive, plus attrayante et actualisée, …, ait été le mobile déclencheur. Il est donc juste ici de saluer les efforts du gouvernement camerounais et du secteur privé, dans l’amélioration de ce secteur. Et de plus en plus, des mesures doivent être prises pour doper cette avancée. Parmi ces mesures, il serait souhaitable que :
• une meilleure approche de professionnalisation du secteur soit effective dans les établissements d’enseignements secondaires et supérieurs ;
• un suivi et une évaluation de la qualité des services et des infrastructures dans les établissements hôteliers se fassent régulièrement ;
• les pouvoirs publics et les partenaires au développement encouragent et soutiennent les initiatives locales de promotion du tourisme intérieur et à l’international ;
• des statistiques fiables sur le nombre de touristes étrangers en visite au Cameroun soient disponibles à bonne date ;
• des études de marché indiquant les attentes des touristes désireux de se rendre au Cameroun soient régulièrement menées ;
• la publication ou la mise en ligne des images, vidéos, circuits touristiques actualisés deviennent une réalité ;
• les forces de l’ordre, l’administration des douanes et celle des forêts et de la faune continuent de faire du bon travail ;
• les voies de communication soient facilement accessibles, de même que les services de télécommunications offrent de meilleurs services.
Bref, que le minimum de confort rime avec la passion de découvrir et surtout l’envie de revenir au Cameroun ! Ce n’est que comme cela que le tourisme peut véritablement prendre l’envol et hisser le Cameroun au rang des destinations de première catégorie.