« La forêt du Bassin du Congo est la deuxième plus grande forêt tropicale au monde après l’Amazonie. Souvent désignée comme le deuxième poumon de la planète ou les «poumons de l’Afrique», elle joue un rôle clef dans la régulation du climat, fournit un foyer et des moyens de subsistance à des millions
de personnes et abrite des espèces de faune rares et menacées.
La République Démocratique du Congo (RDC) héberge la grande majorité de la forêt du Bassin du Congo, mais la corruption et le manque de volonté politique contribuent à l’aggravation des menaces et du pillage de cette forêt, ressource si précieuse.
Le secteur de l’exploitation forestière de la RDC est dans un état de chaos organisé – un chaos dans une large mesure conçu par des fonctionnaires et des entreprises pour leur propre intérêt. Les institutions qui devraient régir le secteur de la foresterie et faire respecter la loi ne fonctionnent pas. On assiste à un grand manque de transparence, avec des contrats d’exploitation forestière qui ne sont pas rendus publics ou alors des années après leur attribution (contrevenant à la loi) 1 et des données officielles fiables sur les permis, la production et les exportations qui sont inexistantes. La corruption et les activités illégales dans les concessions forestières industrielles constituent la norme.
A la tête de ces entreprises qui provoquent cette cacophonie Cotrefor se distingue. Une société libanaise opérant dans le domaine de l’exploitation forestière dans le pays depuis 2011, mais active bien avant sous le nom de Trans M. Greenpeace Afrique a été parmi les premiers à dénoncer les irrégularités au sein des concessions de la société, ainsi que l’impunité dans laquelle elle conduit ses opérations.
Greenpeace Afrique a enquêté pendant deux années sur les concessions forestières de Cotrefor, ses opérations et la façon dont son bois est commercialisé et exporté vers les marchés internationaux. Les résultats de ces enquêtes révèlent des cas de mauvais traitements des employés, des impôts impayés, des irrégularités dans les procédures opérationnelles, notamment la coupe des arbres et le dépassement des quotas alloués pour des espèces menacées telles que l’Afrormosia.
Les activités de la société contribuent à la destruction de l’habitat vital de l’espèce menacée des bonobos, une espèce endémique à la RDC. Les communautés sont également affectées, notamment par le non- respect très régulier des clauses sociales des cahiers des charges par la société.
Malgré toutes ces infractions, on trouve une pléthore de bois douteux de Cotrefor sur les marchés internationaux. Cela signifie qu’il existe des importateurs disposés à commercialiser du bois d’origine illégale (ou en tout cas d’origine douteuse), des consommateurs qui sont prêts à acheter un
tel bois, et des gouvernements tant dans les pays exportateurs qu’importateurs qui ne souhaitent pas vraiment ou se montrent incapables de prendre des mesures efficaces pour empêcher ces transactions.
Les investigations de Greenpeace ont découvert des cargaisons de bois en direction de pays aussi divers et variés que le Royaume-Uni, l’Espagne, le Portugal, les États-Unis et la Chine … Ce commerce viole de nombreuses législations et remet en question l’efficacité de lois telles que le Règlement sur le Bois de l’Union Européenne (RBUE), quand elles ne sont pas correctement appliquées pour éviter que le bois illégal du Bassin du Congo soit importé dans le marché européen.
Les opérations de Cotrefor sont un microcosme du chaos qui règne dans le secteur de l’exploitation forestière en RDC et un exemple illustrant que, si l’impunité continue à règner, ce sont les forêts du Congo, les communautés forestières et la faune qui en paient le prix… »
Photo : A. Martinez Alonso – Site EuropeAid