Communication – Assises du développement et de la solidarité internationale [France]

29 janvier 2013 - RSE Sénégal - Philippe Barry

  • Merci de me donner en tant qu’acteur africain de développement durable l’opportunité de délivrer un message de plaidoyer en faveur d’une plus grande vulgarisation de la RSO en Afrique et plus particulièrement en Afrique de l’Ouest, ma zone d’intervention
  • A l’entame de ma communication, je crois qu’ utile de rappeler, que si au plan international le mouvement de la RSE est en pleine effervescence avec notamment de plus en plus d’entreprises qui s’organisent en réseaux RSE, et l’émergence de politiques publiques qui intègrent ce concept, on constate encore une fois que l’Afrique, et plus particulièrement en Afrique de l’Ouest, est en retard dans l’appropriation du concept de la RSO et du Développement Durable.
  • C’est bien pour combler ce retard et marquer la présence de l’Afrique de l’Ouest dans ce mouvement mondial, que j’ai lancée, en 2008, l’Initiative RSE Senegal, une première du genre en Afrique de l’Ouest.

Les activités sont soutenues par quelques grandes entreprises multinationales et par des partenaires publics dont l’Agence Française de Développement. Je voudrais en profiter pour remercier également Son Excellence M.l’Ambassadeur français de la RSE, Michel DOUCIN, pour son soutien, ses conseils et sa présence lors de deux dernières éditions du Forum de Dakar sur la RSE.

  • La finalité de cette initiative est d’amener les entreprises formelles ouest africaines, qu’elles que soient leur taille, à intégrer cette dimension RSE afin de répondre et contribuer significativement, aux côtés des pouvoirs publics, aux enjeux prioritaires de développement de nos Etats. Je voudrai en citer quelques uns qui interpellent directement les entreprises et leurs parties prenantes :
  1. Tout d’abord, la question de l’emploi des jeunes, surtout dans un contexte ouest africain marqué par une aggravation de la pauvreté et surtout nouvelle situation alarmante dans notre sous-région : le risque islamiste.
  2. L’instauration d’une Gouvernance d’Etat mais également d’Entreprise fondée sur des valeurs fondamentales que sont l’Ethique, la Redevabilité, l’Efficacité et l’Efficience
  3. La dégradation accélérée de l’Environnement avec l’avancée de la mer, avec la déforestation qui engendre la désertification et l’appauvrissement des sols, avec la production et le stockage non contrôlé de déchets
  4. Le faible accès des populations aux services sociaux de base : l’électricité, l’eau, les médicaments et l’éducation

 

  • Pour répondre à ces enjeux, cette Initiative d’entreprises s’est fixée quatre (4) objectifs :
  1. Premier objectif : Promouvoir la RS dans les entreprises et inviter les entreprises qui se sont inscrites dans une démarche RSE à être de véritables relais de diffusion de la RSE dans le cadre de leurs relations avec leurs partenaires commerciaux, ainsi qu’avec les organisations de l’Etat et la Société civile. Il faut savoir que très peu de dirigeants d’entreprises comprennent le véritable sens de la RSE et surtout l’exploitation qu’ils peuvent en faire pour répondre à la fois à leurs propres enjeux commerciaux et à des enjeux de développement durable au niveau local et national. Pour une très grande majorité, ils restreignent encore la RSE à de simples pratiques de mécénat et d’actions philanthropiques.
  2. Deuxième objectif : Susciter l’intérêt des pouvoirs publics et des collectivités à la RSO afin de faciliter la mise en place de conditions favorables à pratique de la RSE. Il s’agit de favoriser surtout dans le cadre de Partenariats Publics Privés les investissements à fort impact social dans les territoires. Si je prends le cas du Sénégal, on peut malheureusement constater que les politiques de décentralisation n’ont pas eu les impacts attendus en matière d’investissements structurants.
  3. Troisième objectif : Accompagner des modèles d’entreprises, modèles d’organisations publiques mais également des modèles de développement économique qui intègrent la dimension RSE/RSO. Sans présentation d’exemples concrets de démarches stratégiques RSE en cours, il sera difficile de continuer à parler de RSE en Afrique de l’Ouest, d’où l’importance et l’urgence de définir des mécanismes spécifiques d’appui aux entreprises, aux organisations et aux collectivités locales.
  4. Quatrième objectif enfin : Accompagner la création des réseaux RSE dans les autres pays d’Afrique de l’Ouest à l’instar de RSE Senegal afin de développer des projets sous-régionaux portés par les Communautés de l’UEMOA et de la CEDEAO.

 

  • Après cinq (5) années d’activités de promotion, RSE Senegal a eu le mérite d’impulser et d’incuber un mouvement RSE au Sénégal et en Afrique de l’Ouest, malheureusement sans réelle implication des Etats ouest africains et des Commissions Economiques sous régionales. Quelques entreprises du domaine des TICs, de l’Industrie extractive, du Btp, de la Logistique, des banques, notamment des multinationales, sont entrain de bâtir des projets structurants de Développement Durable. Mais l’enjeu aujourd’hui est de densifier une masse critique d’entreprises s’engageant dans la RSE&DD, notamment les PME et les TPE africaines.

 

  • Pour ce faire, deux leviers sont indispensables :
  1. La poursuite de l’existence d’initiative collective d’entreprises représentative et crédible (RSE Senegal), qui puissent  continuer à sensibiliser les dirigeants d’entreprises. Dans ce domaine, la stratégie adoptée par RSE Senegal a été de conclure en 2012 un partenariat avec le Patronat sénégalais et de s’appuyer sur un outil de promotion : la Charte RSE&DD des entreprises du Sénégal. Ce document qui a été élaboré par un groupe d’entreprises est un outil conçu localement à partir de la Charte RSE du MEDEF et des lignes directrices de l’ISO 26000. A ce jour, seules 15 entreprises ont signé cette Charte dont la majorité sont des multinationales. Cette Charte devrait permettre de lever au niveau des entreprises les obstacles liés à l’absence d’une culture du Reporting intégré; à la faible contractualisation des partenariats avec des parties prenantes externes.
  2. L’impérieuse nécessité d’une forte implication de l’Etat et des pouvoirs publics dans le processus de promotion de la RSE. Il est indispensable à présent que la volonté politique d’institutionnaliser la RSO soit exprimée au plus haut niveau des Etats. C’est ce qui ressort des conclusions du dernier Forum de Dakar sur la RSE qui a appelé les Gouvernements des Etats de l’Afrique de l’Ouest  à mettre en place un cadre qui puisse répondre aux conditions suivantes pour un Développement Durable :
  • 1ère condition : transformer les rapports de force entre l’Entreprise et ses parties prenantes en une démarche concertée, ce qui nécessite une qualité du Dialogue sociétal et surtout une Communication nationale sur le sens de la Responsabilité Sociétale et ses principes
  • 2ème condition : structurer l’environnement des affaires avec un Etat qui joue son rôle de modérateur et de régulateur, notamment en sanctionnant les acteurs économiques qui ne respectent pas les principes de légalité
  • 3ème condition : atteindre rapidement une masse critique d’acteurs économiques capables de traduire les lignes directrices de la RSE en actions concrètes, avec un effet d’entraînement sur l’ensemble du tissu économique. L’Etat doit donc mettre en place des mesures incitatives pour les entreprises engagées volontairement dans la RSE et soutenir des programmes de formation sur la RSE.
  • 4ème condition : l’Etat doit montrer l’exemple en invitant les dirigeants des structures publiques (sociétés et agences en particulier) à adopter en interne des démarches RSO

 

Pour conclure, je voudrais souligner l’importance de l’exercice mené actuellement par les autorités françaises dans le cadre de l’appui au développement des pays africains. Je souhaite surtout que cet appui permettra d’accompagner rapidement ces Etats dans l’élaboration de véritables stratégies nationales voire sous-régionales pour un déploiement de la RSO.

 

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