Baromètre de l’approvisionnement responsable – édition Québec 2012

« Le Baromètre de l’approvisionnement responsable — édition Québec 2012 est un projet de l’Espace québécois de concertation sur les pratiques d’approvisionnement responsable (ECPAR). Fruit de l’adaptation au contexte québécois d’un outil déjà existant, le Baromètre européen des achats durables, il a été réalisé en collaboration avec l’École des Sciences de la gestion de l’UQAM et le Baromètre de la consommation responsable du Québec. Son intention est de procurer aux parties prenantes intéressées en la matière un outil mesurant objectivement l’état de la situation en matière d’approvisionnement responsable au Québec.

Soixante-et-une organisations québécoises ont accepté de participer à cette étude, soit un taux de réponse de 19%. S’agissant de la première version d’une étude portant sur un sujet nouveau et complexe, les constats qui en sont tirés sont jugés préliminaires. Ils pourront être confirmés dans les prochaines versions de ce baromètre avec un plus grand nombre de répondants.

Ces constats sont les suivants :

• 82 % des organisations jugent l’approvisionnement responsable critique ou important ; il occupe la 5e position au rang des priorités des divisions achats

• Les valeurs morales de l’organisation, la conformité réglementaire et l’image de marque sont les principaux moteurs qui poussent à l’action

• Amorcé depuis plus de trois ans, l’approvisionnement responsable est pratiqué par 66 % des organisations québécoises

Parmi ces organisations qui pratiquent l’approvisionnement responsable :

• Plus de 50 % formalisent leur démarche par le biais d’une politique d’approvisionnement responsable, 63 % forment leurs acheteurs

• Au moins 33% se sont dotées d’indicateurs de performance

• Au moins 30 % pratiquent la reddition de comptes

• 70 % ont mis en œuvre des pratiques visant les produits :

— Le papier d’impression, les cartouches d’encre, le mobilier de bureau et le papier hygiénique sont les produits les plus visés

— Les certifications de produits les plus utilisées sont EcoLogo, Energy Star, Forest Stewardship council (FSC) et Green Seal

• 68 % ont mis en œuvre des pratiques visant les fournisseurs

— Les fournisseurs de biens dits stratégiques et les fournisseurs ayant un impact sur l’environnement sont davantage considérés par ces organisations

— Les certifications fournisseurs les plus utilisées sont la norme ISO 14001 sur les systèmes de management environnemental et la certification forestière FSC qui s’applique tant aux produits qu’aux fournisseurs

• Les critères environnementaux sont la priorité

— Ils sont intégrés à plus de 80 % des pratiques visant les fournisseurs

— Ils sont intégrés à plus de 50 % des pratiques visant les produits et services courants

 

La nouvelle norme de responsabilité sociétale ISO 26 000, fruit d’un travail multipartite international, est d’une clarté sans détour : la responsabilité sociétale interpelle tous ceux qui ont le pouvoir d’agir, et ce, selon leur sphère d’influence. Les travaux de l’ECPAR s’inscrivent dans cet esprit.

L’ECPAR est un espace multipartite de concertation et de collaboration entre des partenaires privés, publics et parapublics, des ONG, des centres de recherche et des experts-conseils. Ses membres ont souhaité exercer leur capacité d’influence et sensibiliser les organisations québécoises à l’importance de se préoccuper de l’approvision- nement responsable et de s’approvisionner de façon responsable. Cette volonté de mettre l’approvisionnement responsable à l’ordre du jour au Québec est le principal objectif de ce baromètre.

Le baromètre de l’approvisionnement responsable est un outil qui nous donne collectivement les moyens d’identifier et de comprendre la mise en œuvre de l’approvisionnement responsable au Québec. Cette première version met en lumière certaines bonnes pratiques déjà implantées.

• Plus de la moitié des organisations qui intègrent des critères de développement durable à leurs pratiques d’achat se sont données une politique d’approvisionnement responsable. Elles font par ce moyen preuve de transparence en transmettant un seul et même message à leurs parties prenantes internes (acheteurs, requérants) et externes (fournisseurs, consommateurs et membres de la société civile),

• Plusieurs organisations forment leurs acheteurs. C’est un pas indispensable. Pour mieux maîtriser les enjeux du développement durable liés aux achats, il faut pouvoir les identifier, s’intéresser aux outils facilitant l’approvisionnement responsable, se maintenir à jour quant à l’offre existante sur les marchés et pouvoir se rendre compte que les produits plus respectueux de l’environnement et des droits des travailleurs ne sont pas toujours plus chers à l’achat. Le renforcement des capacités accélèrera le passage à l’action.

Le baromètre est aussi venu confirmer des faiblesses déjà identifiées, nous amenant à réfléchir à des pistes d’amélioration.

 

Conclusion

S’il est encourageant de constater que les enjeux environnementaux sont importants pour les organisations, le volet social se révèle le parent pauvre des approvisionnements responsables. Pour relever la barre et atteindre un certain degré d’intégration des critères sociaux, nous devons rapidement vérifier si des contraintes d’ordre légal, ou tout autre facteur objectif, expliquent cet état des faits.

L’apparente contradiction entre un des critères traditionnels d’achat, la recherche du plus bas prix, et la prise en compte des enjeux du développement durable, constitue un autre aspect important auquel il faudra réfléchir. Si on souhaite que surviennent les changements auxquels le développement durable nous appelle, il faut trouver un moyen d’encourager les marchés. Les organisations gagneront à identifier les produits plus responsables, et à confirmer lesquels sont effectivement plus chers à l’achat.Il sera plus aisé par la suite de définir les marges de manœuvre et les moyens que les organisations doivent se donner pour permettre les achats de produits plus responsables.

Une étape de mise en œuvre doit par ailleurs être franchie par un plus grand nombre d’organisations: mesurer l’impact des actions réalisées afin de mieux s’approprier les retombées de l’approvisionnement responsable. Il convient maintenant de prioriser l’identification d’indicateurs de performance et le suivi des résultats.

Les acheteurs institutionnels sont la courroie de transmission des exigences des organisations envers les fournisseurs et les marchés. L’acheteur qui consulte cette première version québécoise du Baromètre de l’approvisionnement responsable constatera que plus de 65 % des organisations qui ont participé à cette étude ont intégré des critères d’achats responsables à leurs pratiques d’achats, et qu’il est donc possible de passer à l’action.

Les résultats de la première version du baromètre de l’approvisionnement responsable nous démontrent tous les pas franchis en peu de temps; ils mettent aussi en lumière les nombreux défis qui nous attendent. Joignons nos efforts pour les relever.

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