« Depuis les années 1950, l’agriculture industrielle a banalisé l’utilisation massive de pesticides chimiques de synthèse. Dans de nombreux cas, ils sont répandus de façon préventive, alors même que les cultures ne sont victimes d’aucune maladie ou d’aucun parasite !
Nous sommes tous exposés à ces pesticides à travers notre alimentation, l’eau que nous buvons, l’air que nous respirons et même à travers la poussière dans nos maisons…
Les agriculteurs, par la nature de leur travail, ainsi que leurs familles, sont les plus touchés par ces substances toxiques. Il est honteux que ceux qui nous nourrissent souffrent le plus de l’usage intensif des pesticides !
Ce rapport compile et analyse les résultats de 150 études qui ont été publiées dans des revues scientifiques de référence. Bien que certaines de ces études présentent des résultats contrastés, le nombre d’éléments à charge est accablant. Il faut cesser de se voiler la face : l’usage des pesticides dans l’agriculture industrielle affecte la santé des agriculteurs.
Les femmes enceintes sont également très vulnérables car les pesticides peuvent impacter le bon développement du fœtus. De même, les enfants en bas âge ne sont pas épargnés par les effets dévastateurs de ces substances toxiques. Leur corps en pleine croissance ne peut métaboliser certaines substances de la manière dont les adultes le font. Par ailleurs, les terrains d’exposition sont plus nombreux : à travers ce qu’ils touchent et ingèrent ou mettent simplement dans leur bouche…
En raison de cette persistance, et des risques potentiels pour la faune et la flore, les recherches sur les impacts des pesticides se sont multipliées au cours des 30 dernières années (Köhler et Triebskorn, 2013). Désormais, il apparaît clairement que ces impacts sont variés et de grande ampleur. En outre, la compréhension scientifique des conséquences pour la santé humaine et des mécanismes d’action des pesticides ont rapidement progressé. Des études ont notamment mis en évidence des liens entre exposition aux pesticides et risques accrus de troubles du développement, de détériorations des fonctions neurologiques, de déficiences immunitaires voire de certains cancers.
Cependant, il reste très difficile à prouver de façon incontestable que l’exposition à un pesticide donné entraîne une maladie ou un état pathologique chez l’être humain.
Tous les groupes de population humaine sont, d’une façon ou d’une autre, exposés aux pesticides, et la plupart des pathologies ont de multiples causes – ce qui complique les évaluations sanitaires (Meyer-Baron et al. 2015). De plus, la plupart des personnes sont exposées à des cocktails chimiques complexes, qui évoluent sans cesse et ne comportent pas que des pesticides. En réalité, les pesticides sont une des composantes d’un lourd fardeau toxique que nous portons au quotidien, par le biais de plusieurs voies d’exposition… »
Photo : RSE et PED