« 8 personnes détiennent autant de richesses que la moitié la plus pauvre de la population mondiale.
Le fossé entre les plus riches et les plus pauvres de ce monde est de plus en plus grand. C’est ce que révèle Oxfam dans son étude « Une économie au service des 99 % », publiée en amont du Sommet économique mondial de Davos…
…des femmes et des hommes sont laissés pour compte. Leurs salaires stagnent, alors que les grands patrons s’octroient des primes qui se chiffrent en millions de dollars. A titre d’exemple, un PDG d’une entreprise du FTSE (les cent entreprises britanniques les plus capitalisées et cotées à la bourse Londres) gagne en un an autant que 10 000 ouvriers de l’industrie textile au Bangladesh. Les services de santé et d’éducation sont réduits pendant que les entreprises et les grandes fortunes se soustraient à l’impôt. Le Kenya perd chaque année 1,1 milliard de dollars en exonérations fiscales accordées aux entreprises, soit près du double du budget de la santé, dans un pays où une femme sur 40 décède lors de l’accouchement…
Oxfam France, 13 janvier 2017
Parmi les moteurs de cette croissance exclusive, Oxfam dénonce la pression qui s’exerce sur les salaires partout dans le monde. Un PDG d’une entreprise du FTSE (les cent entreprises britanniques les plus capitalisées et cotées à la bourse Londres) gagne en un an autant que 10 000 ouvriers de l’industrie textile au Bangladesh. Ces inégalités sont le résultat d’un partage toujours plus inégal de la valeur ajoutée : dans les années 1980, les producteurs de cacao recevaient par exemple 16% de la valeur d’une barre chocolatée, contre seulement 6 % aujourd’hui. A l’inverse, les actionnaires voient leurs rémunérations en constante croissance : en France, les entreprises du CAC 40 ont par exemple distribué pour 55.7 milliards de dividendes en 2016, un chiffre presque équivalent à celui de 2007, avant la crise économique.
Les entreprises optimisent également leurs bénéfices, notamment en allégeant le plus possible leur charge fiscale, privant ainsi les Etats des ressources essentielles pour financer les politiques et les services nécessaires pour réduire les inégalités. Pour cela, elles recourent aux paradis fiscaux ou incitent les pays à proposer une fiscalité attrayante (allègements, exonérations et taux bas). Par exemple, le Kenya perd chaque année 1,1 milliard de dollars en exonérations fiscales accordées aux entreprises, soit près du double du budget de la santé, dans un pays où une femme sur 40 décède lors de l’accouchement. En 2014, en compétition pour attirer un investissement de Samsung, l’Indonésie a proposé une exemption d’impôt sur les sociétés pour 10 ans, tandis que le Vietnam offrait 15 ans. Cette course à la concurrence fiscale a entrainé une tendance à la baisse sans précédent des impôts sur les sociétés : en 1990, le taux d’imposition légal moyen sur les sociétés au sein du G20 était de 40% ; en 2015, il n’était que de 28,7 %. La France n’est pas en reste puisqu’elle vient d’abaisser son taux d’imposition sur les sociétés de 33 % à 28 % et qu’elle continue de multiplier les crédits d’impôts aux entreprises, qui coûtent à l’Etat français plus de 83 milliards d’euros par an.
« Partout dans le monde, des femmes et des hommes sont laissés pour compte. Leurs salaires stagnent, alors que les grands patrons s’octroient des primes qui se chiffrent en millions de dollars. Leurs services de santé et d’éducation sont réduits pendant que les entreprises et les grandes fortunes se soustraient à l’impôt. Leurs voix ne sont pas entendues, alors que les gouvernements se mettent au diapason des grandes entreprises et des plus riches. »…
Oxfam France appelle les citoyen-ne-s à interpeller les candidat-e-s aux prochaines élections [10] pour faire preuve d’une forte volonté politique et à s’engager pour :
Mettre en place des politiques publiques plus justes, notamment:
- une imposition des ménages plus juste socialement ;
- une contribution effective de 0,7 % du budget de l’Etat en faveur de la solidarité internationale pour le développement des pays les plus pauvres.
Encadrer et réguler les activités du secteur privé, notamment à travers :
- la transparence fiscale des multinationales ;
- une régulation de la spéculation financière.
Faire respecter les droits humains, en France comme dans les pays du Sud, notamment à travers:
- l’obligation pour les multinationales de respecter les droits humains et payer un salaire décent partout dans le monde
- le respect des droits des femmes. »
Photo : Etienne Claeye – Site EuropeAid – Femmes en Inde