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COMPTE-RENDU, VIDÉOS ET PRÉSENTATIONS
Intégrer les ODD et la RSE à sa stratégie d’entreprise, avec LVMH et B&L Évolution

Le 10 mars 2017 - ,

Intervenants

Sylvie Bénard, Directrice de l’environnement, Groupe LVMH [France]

Sylvain Boucherand, B&L Évolution [France]

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Présentations

  

 

 

 

Compte-rendu

Le 10 mars 2017, Sylvie Bénard, Directrice environnement du Groupe LVMH et Sylvain Boucherand, Co-fondateur de B&L Evolution, sont intervenus sur le thème « Intégrer les ODD et la RSE dans la stratégie d’entreprise ».

Sylvain Boucherand a d’abord rappelé le caractère universel, inclusif et transversal des 17 ODD de l’agenda 2030. Il a rappelé que le 17ème ODD est dédié aux partenariats entre les parties prenantes, dont les entreprises, pour atteindre les objectifs. Les 17 ODD sont déployés en 169 cibles et beaucoup ont un lien avec l’économie.  Par exemple, pour l’ODD 2 Faim Zéro et sa cible 4 sur l’éradication de la faim dans le monde, la question des modèles agricoles fait le lien avec l’entreprise. Un autre exemple est l’ODD 5 sur l’égalité des sexes. Ici le lien avec l’entreprise est entre autres la place des femmes au sein des directions d’entreprise. Pour contribuer à l’atteinte de ces objectifs, l’entreprise peut se mobiliser sur 3 axes :

  • Agir sur son fonctionnement interne
  • Innover
  • Se coordonner avec ses parties prenantes.

Différents outils et méthodes sont disponibles pour intégrer les ODD : SDG Compass, SDG Industry Matrix, Guide « Entreprises, contribuez aux Objectifs de Développement Durable » réalisé par B&L Evolution.

Sylvain Boucherand a conclu que les ODD :

  • Mettent en perspective la stratégie RSE de l’entreprise ;
  • Objectivent la contribution de l’entreprise au développement durable ;
  • S’intègrent au fonctionnement interne de l’entreprise et à son management ;
  • Apportent des opportunités de marché ;
  • Permettent d’innover et de contribuer socialement.

Sylvain Boucherand a ensuite présenté Sylvie Bénard, en rappelant que l’engagement du Groupe LVMH pour l’environnement a commencé avec elle il y a 25 ans, et est aujourd’hui formalisé au sein du département environnement et diffusé auprès des métiers et « maisons » du Groupe LVMH.

Après avoir indiqué que le Groupe LVMH est composé de 5 secteurs d’activité et de plus de 60 marques, Sylvie Bénard a résumé le rôle de son département Environnement comme étant d’organiser « une aire de jeux dans laquelle chaque maison vient piocher en fonction de sa culture, de sa direction, de ses produits ». Il n’y a pas de Direction du développement durable ou RSE au sein du Groupe : chaque direction du groupe contribue à atteindre ces enjeux en fonction de son expertise, chaque métier intègre dans ses décisions quotidiennes les enjeux du développement durable.

Les ODD fournissent un cadre d’action en faveur de l’intérêt général. Très complets, ils permettent de prendre en compte tous les aspects du développement durable.

Pour intégrer les enjeux de développement durable à la stratégie d’entreprise, 9 grands sujets ont été déterminés avec les « maisons » du groupe dans son programme LIFE, allant de l’éco-conception, aux réponses aux questions des clients, en passant par la RSE des fournisseurs (voir la présentation pour les autres sujets). Les 9 sujets du programme ont été croisés avec les ODD afin de voir ceux auxquels LVMH contribue et doit contribuer. Depuis la création de sa Commission environnement, le Groupe LVMH utilise un vocabulaire et des outils adaptés à chaque maison et métier. Par exemple, pour les designers qui dans leur métier utilisent des cahiers de tendances,  un cahier spécifique a été réalisé qui est dédié aux enjeux développement durable et utilise les codes des designers. On y trouve des matières avec des caractéristiques environnementales, des exemples d’éco-conception réussis. Le Groupe LVMH a créé l’Académie de l’environnement qui propose des modules de formation afin que tous les collaborateurs du groupe aient une culture commune du développement durable.

Voici quelques exemples d’actions réalisées pour répondre aux enjeux du développement durable et contribuer aux ODD :

  • En éco-conception Hennessy utilise les branches des vignes de raisin pour faire des packagings ;
  • La Restrictive Substance List : c’est une liste de substances que le Groupe LVMH ne souhaite pas utiliser dans ses produits. Sur des milliers de tests effectués auprès des fournisseurs pour s’assurer de l’absence de ces produits, il y a eu 2% d’échecs. LVMH travaille également avec ses fournisseurs pour utiliser des substituts ;
  • Pour les cuirs, la marque a ses propres fermes de crocodiles et teste l’ADN des pythons pour s’assurer qu’ils ne proviennent pas du braconnage ;
  • Le Groupe travaille avec les fournisseurs sur la base d’un questionnaire et réalisation d’une cartographie de la chaine d’approvisionnement afin d’identifier les risques et les non-conformités et mettre ensuite en place un plan d’action pour les réduire.

Pour d’autres actions, voir la présentation ou aller à la 19ème minute de l’enregistrement.

Questions-réponses

À Sylvain Boucherand

Y a-t-il des PME qui s’engagent en faveur des ODD ? 

Toutes les entreprises peuvent s’engager. Le réseau Global Compact France regroupe 1 200 entreprises dont 800 PME. Il y a une vraie émulation des entreprises sur le sujet et ce n’est réservé uniquement aux grands groupes.

Est-ce que les ODD changent réellement les actions des entreprises ?

Les ODD permettent d’objectiver les contributions au développement durable. Cela pourra permettre de faire une transformation profonde des modèles d‘entreprise pour pouvoir atteindre les objectifs. D’ici un an ou deux, on aura une vision plus claire du potentiel de transformation économique des ODD.

Quels sont les moyens proposés pour le suivi d’évaluation des actions des entreprises ?

Il n’y a pas encore de cadre défini. Il y a des réflexions en France. C’est un enjeu majeur d’évaluer quels sont les impacts négatifs et positifs. Il y a des fonds d’investissement qui sélectionnent les entreprises les plus contributrices aux ODD. Cela devrait prendre de l’ampleur.

Comment le patronat se positionne vis-à-vis des ODD ?

Le MEDEF et la CGPME travaillent en interne sur le sujet.

Qu’en est-il des organisations syndicales ?

Comme toutes les institutions elles ont commencé à se saisir du sujet. Les syndicats se sont félicités de l’ODD 8 sur le travail décent car c’est la première fois qu’il est internationalement reconnu en plus des conventions de l’OIT. Toutes les parties prenantes se retrouvent dans cet agenda.

Est-ce que les ODD ne seraient pas du greenwashing ?

Pour l’instant il est un peu trop tôt pour voir s’il y a un aspect transformateur. C’est un risque comme pour chaque initiative et instrument qu’ils soient utilisés pour du greenwahing. On est dans une société très médiatisée, donc quand il y a du greenwashing on le sait vite. C’est aussi un garde-fou pour les entreprises. Comme la démarche RSE, il faut qu’il y aie des engagements crédibles avec des moyens mis en place suivis d’actions concrètes.

Quel est le niveau d’engagement des autres pays d’Europe ?

Certains pays sont en avance comme l’Allemagne et les pays nordiques. La France a pris un peu de retard. Il y a également des pays du sud qui se sont saisis du sujet.

Qu’en est-il de la Plateforme RSE française ?

Il y a un groupe de travail prévu sur les ODD. Il y a eu deux publications un sur la RSE où les ODD sont indiqués en préambule et une sur les droits humains où les ODD sont également évoqués.

Est-ce que les entreprises mettent en place des projets pour répondre aux ODD ou est-ce plutôt les ODD qui sont rattachés aux projets existants ?

D’après les études, ce sont d’abord les ODD qui sont rattachés aux projets existants. Mais on voit apparaitre de nouveaux projets qui sont développés spécialement pour les ODD.

Est-ce qu’il y a une intégration des ODD dans le nouveau devoir de vigilance des entreprises ?

Cette loi demande que les entreprises mettent en place des mesures pour éviter les atteintes aux droits de l’homme et à l’environnement. Le lien ici avec les ODD sont le travail décent (n° 8), la biodiversité, l’environnement (n° 14 et 15), la consommation responsable (n° 12). Le devoir de vigilance est un principe qui va permettre aux entreprises de progresser et également un outil de sanction des entreprises qui n’iraient pas vers la RSE.

Est-ce qu’il y a des exemples de valorisation des ODD auprès des consommateurs ?

Les entreprises les mettent en avant dans leur rapport développement durable. Mais aujourd’hui, nous n’avons pas encore vu de mise en avant des ODD sur des étiquettes de produits. Il existe quand même des communications des entreprises au grand public où les ODD sont clairement affichés.

Comment prendre mieux en compte le rôle des entreprises dans les pays en développement par rapport aux ODD ?

Les ODD sont un langage commun à toutes les parties prenantes. Dans les groupes transnationaux c’est un avantage d’avoir un agenda international partagé car ils vont pouvoir s’engager sur leur thématique des ODD. Comme il y a des enjeux de développement (ex. : l’eau, l’éducation), les ODD peuvent donner des pistes aux entreprises pour innover, trouver de nouvelles solutions qui vont permettre de résoudre ces différents défis. Les ODD sont une incitation pour que les entreprises s’engagent dans les pays en développement où elles ont leurs activités.

À Sylvie Bénard

Quels outils et échanges avez-vous avec les autres entreprises du luxe ?

LVMH est partenaire de plusieurs initiatives. Par exemple, BSR (Business Social Responsability) a un groupe dédié au secteur du luxe, avec la présence de ces concurrents. Le monde du luxe a souvent les mêmes fournisseurs. Il y a donc eu regroupement entre les marques pour mutualiser les exigences minimums auprès des fournisseurs. Cela permet d’améliorer les pratiques d’approvisionnement du secteur du luxe, comme par exemple pour l’or et les diamants.

Concernant l’éco-conception, avez-vous réfléchi à la possibilité de réduire le poids des bouteilles et des emballages ?

LVMH a créé l’indice de performance des emballages qui permet de mesurer l’empreinte environnementale des emballages. Il y a 2 approches possibles : Guerlain a choisi la réduction du poids du pot de 40 à 50% ; Parfums Christian Dior a développé des recharges. La problématique dans le luxe est que la clientèle allie le poids de l’emballage à la qualité du produit. La recharge permet de répondre à la contradiction du client qui souhaite contribuer aux enjeux environnementaux.

Les formations au développement durable sont-elles réalisées en interne ?

Il y a les deux. Cela dépend des sujets, de l’expertise nécessaire.

Quel est le coût pour LVMH d’aider ses fournisseurs à se conformer au cahier des charges LIFE ?

Il n’y a pas de réponse car le travail se fait en continu. Très souvent les sujets concernent des changements de comportement.

Avez-vous prévu de mettre à la portée du public les caractéristiques principales retenues par la profession sur la qualité, afin de susciter des vocations notamment dans les pays émergents ?

Des parfums et cosmétiques utilisent des plantes qui proviennent d’Afrique. Tous les 2 ans le Groupe LVMH organise le forum Afrique et Beauté. Il réunit des scientifiques africains européens, des médecins traditionnels, des associations de femmes avec pour objectif d’échanger et de définir comment mieux coopérer. Sur la question des vocations, des jeunes togolais ont demandé un soutien pour conserver les pratiques traditionnelles des plantes et les aider à créer des marques à partir de produits africains, par et pour les Africains en les conseillant sur les emballages ou la façon de communiquer sur leurs marques par exemple.

Avez-vous un regard sur les objectifs des salariés en termes de RSE ?

Le programme LIFE intègre tous les collaborateurs. Les maisons ont mis des objectifs relatifs à ce programme. Chez Guerlain par exemple, chaque membre du comité exécutif a un objectif pour son propre métier. Le directeur général du groupe a un objectif sur la réduction de la consommation d‘énergie des magasins.

Est-ce que dans la problématique de protection de vos matières premières, vous travaillez aussi sur le sujet du salaire décent, les conditions de vie des travailleurs les récoltant ?

Les sujets sociaux sont complètement intégrés quel que soit l’endroit de la planète.

A lire

Ressources de B&L Évolution :

2016 – [Guide pratique] Entreprises, contribuez aux Objectifs de développement durable !

2016 – ODD : les entreprises se mobilisent ! État des lieux et perspectives

Ressources de LVMH :

Rapport RSE 2015

Rapport annuel 2015

Biographies

Sylvie Bénard est Ingénieur Agronome, après une spécialisation en Industries Alimentaires aux Etats-Unis (Université de Cornell), elle devient Docteur – ingénieur en Sciences Agronomiques en 1983. Elle rejoint Hennessy (Groupe LVMH) comme chercheur en microbiologie alimentaire. Elle est ensuite en charge de la gestion prévisionnelle de la qualité des eaux de vie et des analyses sensorielles. A partir de 1992, elle crée le Département Environnement au niveau du Groupe et devient Directrice de l’Environnement. Elle est active dans de nombreuses associations liées à l’environnement. Elle est membre du Conseil d’Administration de la Fondation pour la Recherche en Biodiversité et a présidé le Comité de filière « Biodiversité et Services écologiques » sur le développement des métiers de la croissance verte. Elle est membre du Conseil d’orientation/stratégique de AgroParisTech, Positive Luxury et Biodiversa. Elle est également membre du Conseil d’Administration de 4D et de RESP (Responsible Ecosystems Platform).

Ingénieur, diplômé de l’Ecole Centrale de Lille, filière entrepreneuriat et management d’entreprises, Sylvain Boucherand commence sa carrière comme auditeur financier au sein du cabinet Mazars à Paris après un court passage dans l’industrie. Il prend conscience très tôt des enjeux environnementaux et de développement durable, et en fait sa spécialité à travers notamment des associations qu’il a dirigées. Il fait partie des pionniers travaillant sur les démarches structurées d’innovation pour les modèles d’affaires intégrant la responsabilité sociétale, la biodiversité et les services écologiques. Il accompagne ainsi entreprises et collectivités dans l’intégration des enjeux RSE, ODD et biodiversité à leur stratégie et à l’identification et aux stratégies parties prenantes ou reporting, alliant la pédagogie à la technique pour assurer un changement en profondeur. Il a également un fort engagement associatif et sociétale pour le développement durable.

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