Convergences publie son 5ème baromètre de la micro-finance

8 octobre 2014 - www.RSE-et-PED.info

Le 5ème baromètre de la micro-finance a été lancé lors de la 7éme édition du forum Convergences.
La conférence réunissait Mme Mariam Dao Gabala, représentante régionale pour l’Afrique de l’Ouest de Oïkocrédit ; M. René Didi, directeur RSE et histoire à la Fédération nationale des Caisses d’Épargne ; M. Michaël Knaute, directeur général de OXUS ; M. Philippe Guichandut, directeur du développement et de l’assistance technique pour la Fondation Grameen Crédit Agricole et M. Jean-Luc Perron, directeur général de la Fondation Grameen Crédit Agricole.

Les chiffres

M. Jean-Luc Perron a présenté les chiffres du baromètre, basés sur les données fournies par le Mix Market (www.mixmarket.org), qui ne concernent que le marché « institutionnalisé », et sont donc partielles au regard de l’ensemble des acteurs du secteur dans le monde (n’inclue pas les chiffres de l’épargne notamment).
Voir les chiffres en pages 2 et 3 du baromètre.

En 2011, la moitié de la population adulte n’est pas bancarisée, proportion atteignant 76 % pour les populations pauvres (Banque Mondiale). Cependant la micro-finance reste un très bon outil d’inclusion sociale et continue de croître.

Ainsi en 2012, il y a eu 91,4 millions d’emprunteurs dans le monde (hors épargnants), ce qui représente une hausse de 5 % par rapport à 2012 qui avait vu une baisse de 4 % par rapport à 2011. Les baisses de ces dernières années sont relatives à des problèmes de réputation auxquels la micro-finance a eu à faire face, notamment du fait de la crise de confiance en Inde, risques qui se résorbent.

Si l’Asie du Sud reste la zone de prédilection de la micro-finance avec au total 52 % des emprunteurs (dont 92 % sont des femmes et 80 % vivent en milieu rural), l’Afrique est le continent présentant la plus forte croissance régionale en 2012 (11%), bien que seuls 8 % des emprunteurs soient africains.

Après avoir présenté les chiffres des personnes n’ayant pas accès aux services bancaires, M. Philippe Guichandut, a insisté sur la nécessité de développer des initiatives visant à améliorer les pratiques, notamment en ce qui concerne l’information et la protection des clients ainsi que la transparence.
Les initiatives de ce type qui se sont développées permettent de distinguer les institutions qui ont un but purement commercial de celles dont l’objectif réellement poursuivi est la lutte contre la pauvreté.

Le rôle des NTIC dans l’accès aux services bancaires

Pour Mme Mariam Dao Gabala, les NTIC ont révolutionné la micro-finance, car elles rendent disponible la ressource dans les régions les plus reculées. Ainsi le téléphone portable est devenu un porte-monnaie électronique.
Cette révolution a été soutenue par le matériel chinois : le faible coût d’un portable chinois (20 à 30 euros!) le rend accessible au paysan africain.
Un deuxième facteur de développement de l’argent mobile est la facilité d’utilisation du téléphone portable mettant à portée de main de tout le monde, y compris des personnes illettrées, les services bancaires et donc l’argent. Avant, ces services étaient conditionnés par des démarches administratives exigées tant par les banques que par les institutions de micro-crédit, ce qui n’est plus le cas avec les services accessibles via un téléphone portable.
Un défi reste à relever : que les opérateurs de téléphonie mobile deviennent des « banques ». Ce changement est déjà en route sur le continent africain.

Ainsi d’après le rapport « State of the Industry 2013 – Mobile Financial Services for the Unbanked », l’argent mobile est en plein essor en 2013 avec 203 millions de comptes dans le monde. Cet essor est probant en Afrique où neuf pays d’Afrique Subsaharienne (Cameroun, RDC, Gabon, Kenya, Madagascar, Ouganda, Tanzanie, Zambie et Zimbabwe) détiennent plus de comptes d’argent mobile que de comptes bancaires.

Débat : les taux d’intérêt

Un frein à l’accès au micro-crédit sont les taux qui restent élevés, tout particulièrement dans les pays en développement.
Plusieurs causes sont identifiées. Parmi elles:

  •  la volonté que les institutions de micro-crédit soient autonomes (même si elles sont subventionnées au départ),
  •  les frais administratifs de dossiers qui sont les mêmes quelque soit la taille du dossier, et donc élevés pour des micro-crédits.

Par ailleurs, pour Mme Mariam Dao Gabala, les taux d’intérêt ne pourront pas baisser tant que le coût de l’argent dans les pays en développement est élevé. Or les banques empruntent à 10-12 %.
A cela s’ajoute des coûts d’opération élevés (par exemple les opérateurs de change doivent parcourir de grandes distances). Les NTIC pourront peut-être faire baisser les taux d’emprunt.

Le cas de la Bolivie, où les taux sont passés de 70 % à 20-30 %, fait espérer que le développement local et la maturation du marché peuvent faire baisser les taux d’intérêt.

La micro-finance a permis de développer une économie locale en finançant des commerces mais il faut à présent passer à l’étape supérieure en investissant dans des entreprises qui nécessitent plus d’investissements comme par exemple les entreprises textile. Cela peut aussi passer par des offres de crédits à plus long terme.
Il est important d’instaurer une plus grande stabilité de l’ensemble du tissu économique local. Celle-ci peut être favorisée par la mise en place d’une meilleure protection sociale et d’une assurance retraite.

Extrait de l’éditorial du baromètre par Jean-Michel Séverino

« Depuis les premières expériences de microcrédit il y a 40 ans, le secteur de la micro-finance a connu une forte croissance.
Aujourd’hui près de 100 millions de clients sont servis dans le monde par plusieurs milliers d’institutions de micro-finance. Ce rapide développement positionne la micro-finance comme un instrument majeur d’inclusion financière, même si le secteur a connu des crises qui appellent à la mise en œuvre de modèles économiques plus responsables pour assurer la pérennité de sa mission.
A moins d’un an de l’échéance des Objectifs du Millénaire pour le développement, s’interroger sur l’avenir de la micro-finance devient indispensable. Quel sera l’apport du secteur dans l’agenda de développement pour l’après-2015 ?
Quels sont les enjeux pour un plus grand impact social de la micro-finance ?
Ce sont les sujets centraux du Baromètre de la Micro-finance 2014 qui, pour sa 5ème édition, porte sur l’avenir des pratiques et des acteurs de la micro-finance.
Dans cette édition, des chercheurs et professionnels du secteur apportent leur éclairage sur les perspectives de la micro-finance responsable, sur l’évolution de la réglementation et sur les pratiques des différentes parties prenantes dans les pays développés et en développement. »

Sur ce sujet lire l’article du journal La Croix.

Photo : G. Barton – Site EuropeAid

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