ÉVÉNEMENTS EN LIGNE

COMPTE-RENDU : « Global Compact de l’ONU : Quelle mise en œuvre en Afrique ? »

Le 30 janvier 2015 -

Voici le compte-rendu de ce webinaire qui a eu lieu le 30 janvier 2015.

Nous remercions nos intervenants qui nous ont présenté le Global Compact et sa déclinaison opérationnelle par Total et Expanscience :
• Aurélie Dubois, Chargée de mission, Global Compact France
• Jean-Pierre Cordier, Vice-Président, Total Professeurs Associés, et Vice-Président, Global Compact France
• Julie de la Porte des Vaux, Chargée de mission RSE, Laboratoires Expanscience

32 personnes ont participé, depuis les 10 pays suivants : Bénin, Chine, Côte d’Ivoire, France, Gabon, La Réunion (France), Maroc, République démocratique du Congo, République du Congo, Royaume-Uni, Sénégal, Togo.

Gwenaëlle Jézéquel a rédigé ce compte-rendu et nous l’en remercions.

Présentations :

Global Compact France et Total :

Global Compact et Total Prez

 

 

 

 

Laboratoires Expanscience :

Expanscience prez

 

 

 

 

 

Compte-rendu :

1ère intervention : Le Global Compact (GC) de l’ONU : Cadre universel d’engagement et plateforme d’échange

Intervenante : Aurélie Dubois

I – Le Global Compact et le réseau français

Le but du Global Compact est d’inciter les entreprises à intégrer, dans leurs stratégies et leurs opérations, 10 grands principes, répartis en quatre grands domaines de la manière suivante :

10 Principes Global Compact ONU

 

 

 

 

 

 

 

Le Global Compact cherche ainsi à faire progresser la RSE en se basant sur ces grands thèmes de façon globale, et en proposant un cadre cohérent d’action. L’initiative est représentée dans 145 pays, et compte 12 630 participants dans le monde, dont plus de 8 200 entreprises. Les actions réalisées par les organismes adhérents ont pour obligation d’être mises en ligne ; les modes d’action des adhérents sont donc publics et quiconque peut les consulter sur le site : https://www.unglobalcompact.org/Languages/french/index.html

Ce site permet également aux entreprises et organismes d’aller piocher des idées sur ce qu’il est possible de mettre en place en allant consulter les communications déjà mises en ligne.

Le Global Compact est un réseau mondial, mais fonctionne avec des réseaux locaux pour coordonner les actions locales et relier les adhérents au bureau des Nations Unies. Certains réseaux locaux sont déjà bien établis, tandis que d’autres sont encore en construction. En France, le réseau est le 2e le plus important en nombre d’adhérents (1 078 participants, dont 955 entreprises). En Afrique en revanche, le nombre d’adhérents est faible par rapport aux autres régions : 661 adhérents dont 261 entreprises, pour un total de 30 pays représentés sur le continent. Cependant, la croissance du nombre d’adhérents s’est beaucoup accentuée au cours des dernières années, et Global Compact ne peut qu’encourager cette dynamique, en incitant les pays africains à rejoindre l’initiative Global Compact, et à la faire progresser au sein des organisations africaines.

Aurélie Dubois a ensuite rappelé le cadre du Global Compact, en rappelant ce qu’est le réseau, mais aussi ce qu’il n’est pas : il s’agit avant tout d’une initiative volontaire, transposable dans tous les contextes et dans tous les pays. Il ne s’agit surtout pas d’une norme, personne ne viendra vérifier les actions entreprises par les organismes : avoir signé le Global Compact, c’est avant tout une démarche d’amélioration continue qui apporte de nombreux bénéfices à ses adhérents, tels que la participation à un référentiel international reconnu, ou l’accompagnement dans une démarche de progrès.

L’engagement d’une organisation au sein du Global Compact doit s’exercer à tous les niveaux : il faut l’initier en interne et en externe, avec les collaborateurs mais aussi avec les partenaires. L’adhésion au Global Compact permet l’accès à une base de données de bonnes pratiques, à éventuellement appliquer au sein de son organisation.

Aurélie Dubois a également évoqué la mobilisation autour de la COP 21, qui se déroulera à Paris en décembre 2015. Dans le cadre de la préparation de cette manifestation, une autre manifestation internationale est organisée les 20-21 mai à l’UNESCO pour mobiliser les entreprises et les grandes institutions : Business & Climate Summit.

Q : Quelles sont les entreprises signataires de l’initiative Global Compact ?
Il s’agit d’informations publiques, disponibles sur le site des Nations Unies : https://www.unglobalcompact.org/participants/search

Pour participer aux activités des réseaux locaux, il faut se rapprocher du réseau local, car chacun a son mode de fonctionnement. Pour contacter votre réseau local, vous pouvez consulter le site du Global Compact qui donne toutes ces informations.

Q: Y a-t-il un seuil d’importance minimum pour adhérer au GC ?
En effet, il y a des critères de base pour adhérer au GC : il est nécessaire, pour les entreprises, d’avoir plus de 10 salariés, mais cela peut évoluer. Par contre pour les associations, il n’y a pas de nombre minimum. L’adhésion est gratuite au niveau international, mais il est possible de contribuer à la Fondation pour le Global Compact; et l’adhésion à Global Compact France fait l’objet d’une cotisation annuelle.

II – La Communication sur le progrès (COP)

Les entreprises adhérentes ont pour obligation de communiquer sur leurs progrès chaque année. Il faut bien garder à l’esprit qu’adhérer au GC s’inscrit dans une démarche de progrès : on ne demande pas à toutes les entreprises de réaliser des progrès révolutionnaires tous les ans. Les demandes sont en rapport avec l’activité, la taille et la localisation de l’entreprise. Ce sont aux entreprises de se fixer leurs propres objectifs.

Le bureau des Nations Unies a mis en place un système qui vous permet de progresser, et vous accompagne dans votre reporting. Le reporting se fait une fois par an, et comprend trois parties :
1. Le renouvellement de l’engagement du dirigeant
2. La description des progrès de l’année
3. Les résultats obtenus ou attendus

Il doit être rédigé dans les langues des parties prenantes, et prend la forme d’une auto-évaluation, téléchargée sur le site du GC. Ce reporting permet à la fois la transparence de l’entreprise, et de poser les bases d’un dialogue.

Enfin, Aurélie Dubois a rappelé les principaux bénéfices du GC : il permet de formaliser vos démarches de progrès, d’apporter un cadre internationalement reconnu et d’avoir un langage commun avec les entreprises partout sur la planète. Il permet également de mobiliser les équipes à partir des engagements RSE et d’avoir accès à une base de données de progrès.

N’hésitez pas soit à contacter Aurélie Dubois par email aurelie.dubois [at] globalcompact-France.org ou à consulter le site internet https://www.unglobalcompact.org/Languages/french/index.html pour plus d’informations.

Q : Quel est le type de partenariat entre GC et l’AFD ?
Pour les détails de notre partenariat avec l’AFD, Pour les détails de notre partenariat avec l’AFD, n’hésitez pas à nous envoyer un email : charlotte.frerot [at] globalcompact-france.org

Q : Quels secteurs d’activité concernés en Afrique et quels types d’entreprise ?
Pour les secteurs d’activités en Afrique, vous pouvez consulter le site des Nations-Unies, les informations sont accessibles

Q : Est-ce que les adhérents doivent payer une cotisation ?
L’adhésion au GC est gratuite même si vous avez la possibilité d’apporter une contribution financière à la Fondation.

2ème intervention : L’engagement d’Expanscience pour le Global Compact et la RSE – Le cas de la filière de l’acacia

Intervenante : Julie de la Porte des Vaux

I – Démarche RSE et introduction de l’entreprise

Expanscience est un laboratoire pharmaceutique et dermo-cosmétique créé en 1950, les marques phares sont Piasclédine 300 et Mustela

L’historique de l’engagement RSE est le suivant :
2004 Signature du Pacte Mondial des NU, aujourd’hui Expanscience est actif et rapporte chaque année sur ses actions
2009 1ère action : signature de la charte de l’Union des Annonceurs pour une communication responsable. L’effort a porté à la fois sur les messages (inciter les consommateurs à un comportement responsable), et sur les supports de communication.
2010 7 engagements pris horizon 2015
2011 Adhésion à l’Union pour le Bio-commerce éthique – car nous mettons le végétal au cœur de nos produits
2012 Certification ISO 14001 pour le site d’Epernon
2013 Bilan sur les actions – Nous avons été reconnus exemplaire par l’AFAQ 26000

Q : AFAQ : est-ce une certification ?
Non c’est plutôt une évaluation de la maturité de la démarche de RSE, qui est propre à l’entreprise, et permet d’identifier les points positifs et négatifs

Pour formuler nos engagements : nous avons sollicité nos parties prenantes, internes et externes : professionnels de santé, associations environnementales, collaborateurs etc. Nous les rencontrons deux à quatre fois par an et leur présentons nos démarches en présence de notre président; ils peuvent ainsi nous challenger.

Q : Quelle est l’atteinte des engagements ?
L’atteinte des engagements est réalisée pour presque tous les points, sauf en matière environnementale, où nous avons encore des points d’amélioration pour la gestion des déchets.

Q : Sur votre site, il n’y a pas de reporting ?
Nous sommes une PME, donc nous n’étions jusque lors pas soumis à une obligation de reporting en tant que tel. Toutefois, nous avons élaboré un « reporting » synthétisant les résultats clefs de notre démarche et disponible dans notre rapport d’activités et sur notre site internet.

Q : Avez-vous des outils de priorisation des engagements ?
Les engagements priorisés sont ceux qui sont pris, mais il y en a beaucoup d’autres qui peuvent l’être. L’outil de priorisation est une « analyse de matérialité » que nous avons réalisée avec un cabinet de conseil.

II – Exemple : la filière acacia au Burkina Faso (approche de l’approvisionnement en matières premières végétales)

C’est un enjeu fort pour nous car le végétal est au cœur de nos produits. C’est le Centre de R&D qui travaille sur les matières premières végétales. Pour assumer notre responsabilité, nous avons pris un engagement en 2010 à horizon 2015 : « déployer un plan d’action de RSE sur 100% de nos filières végétales ». (page 8 de la présentation)

Voilà le référentiel d’engagement (page 9) adossé à l’ISO 26000 et sur lequel nous nous appuyons pour identifier nos impacts et mettre en place un plan d’action de RSE.

La filière acacia a démarré en 2009. La première étape fut celle de la découverte des propriétés de la graine. Notre Centre R&D a découvert un actif qui permet l’hydratation de la peau. Nous recueillons, avant de déposer un brevet, les savoir-faire traditionnels locaux, afin de lutter contre la biopiraterie. Maintenant, cet actif est breveté, et vendu à des entreprises externes. Nous avons un partenariat tripartite avec l’Union des femmes artisanes Ben Nafa Kabo de Gassan et un intermédiaire local : Sama Bioconsult. Dans la zone où nous sommes, l’acacia est une ressource en danger pour des raisons de désertification et de coupes abusives de bois. Pour répondre à ces enjeux environnementaux et soutenir le développement local, nous avons financé la certification biologique des zones de cueillette, certification qui est la propriété du groupement féminin. Nous avons formé certaines femmes du groupement à la création de pépinière pour favoriser le reboisement en essences forestières endémiques. Nous aidons enfin le développement local sur les propositions des femmes avec le financement de projets RSE – garderie par exemple.

Q : Pourquoi les Laboratoires Expanscience ont décidé d’avoir une direction Communication, Mécénat et RSE et non une Direction Développement Durable ?
Parce qu’historiquement la RSE était attachée à la direction communication et mécénat. Mais nous travaillons distinctement et la RSE est un pôle à part.

Q : Quels sont vos engagements avec vos partenaires fournisseurs d’acacia ?
Il y a un engagement de contractualisation fait en amont, qui s’engage sur une certaine rémunération, et des prévisions de volumes chaque année. Nous accordons parfois des avances sur récolte pour permettre aux femmes de se financer.

Q : Existe-t-il une évaluation externe de votre RSE ?
Oui, en externe, par une organisation indépendante : l’AFNOR.

Q : Qui développe des activités locales ?
Ce sont nos salariés.

Q : Les personnes locales sont-elles engagées dans la démarche ?
Elles sont très engagées, et co-construisent la démarche avec nous.

Q : Est-ce que la propriété active a été découverte par Expanscience ou à partir des savoir-faire locaux ?
C’est la R&D en France qui a découvert cet actif cosmétique, et c’est justement le recueil des savoir-faire traditionnels qui permet de vérifier qu’on ne brevète pas quelque chose qui appartient déjà aux populations locales.

Q : Avez-vous une étude comparative entre les bénéfices avant/après pour les populations locales ?
Oui, nous évaluons ce développement, et nous observons que la soutenabilité s’améliore, et c’est quelque chose qu’on suit, mais on n’a pas d’étude comparative. Nous vérifions bien sûr l’amélioration de la soutenabilité.

Q : Votre communication RSE est-elle tournée vers les populations du Burkina ou vise-t-elle simplement remplir les objectifs du groupe? Sachant aussi que l’un des intérêts de ces engagements est de pouvoir faire connaitre à l’opinion publique l’utilité de la RSE pour le développement local.
Nous sommes dans des actions très locales, mais avons aussi des relations avec toutes les parties prenantes, dont les autorités locales. Pour l’instant la communication est auprès des populations locales, en tout cas pour le Burkina, mais nous faisons beaucoup de communication, notamment en Afrique, à travers des conférences, pour communiquer sur la protection des savoir-faire traditionnels, la responsabilité sociale etc.

Q : Utilisez vous des produits/logiciels pour suivre de votre développement RSE ?
Non, rien de particulier, à part Office.

Q : Quelles sont les retombées sur vos salariés en interne ?
Nous communiquons beaucoup auprès d’eux, et ils sont tous impliqués dans notre démarche.

Q : Est-ce que la tendance de développement des essences (acacia ici) pousse à des monocultures au détriment des autres cultures non encore valorisées ?
Nous le regardons et le suivons. Nous ne prélevons pas énormément d’acacia, donc notre approche ne mène pas à la monoculture.

Q : Est-ce que vous intervenez dans des formations universitaires ou grandes écoles pour présenter vos actions ?
Oui, en France et au Mexique.

Q : Quel est l’impact de la démarche RSE sur l’aspect économique pour Expanscience ?
L’impact va dépendre des projets. La RSE est quelque chose que nous évaluons, l’impact est réel, mais je ne peux pas vous donner un chiffre. Le retour est difficile à mesurer globalement ; il est difficile à mesurer si ce n’est pas sur un projet précis. Par exemple, un nouvel investissement sur le site va avoir un coût pour réduire notre utilisation d’eau qui est mesurable. En tout cas avoir une démarche RSE nous permet d’avancer et de nous interroger sur nos pratiques avec nos parties prenantes.

Q : Est ce que l’offre acacia du Burkina vous permet de satisfaire la demande de votre clientèle
Oui, c’est un actif cosmétique qui répond à des besoins.

3ème intervention : Total et les 10 principes du Global Compact – Exemples d’applications en Afrique

Intervenant : Jean-Pierre Cordier

Je vais vous donner quelques exemples d’application par Total. Total est une compagnie multinationale qui a une vision globale de la RSE. On se rend compte qu’il est difficile de trouver des valeurs partagées à travers le monde d’où la nécessité de faire référence à des grands textes internationalement reconnus. Les 10 principes du Global Compact sont une bonne synthèse. Total a mis en place avec une ONG suisse un outil d’information SRM+ (Stakeholder Relationship Management) qui standardise complètement la politique RSE de Total à travers le monde et l’approche parties prenantes. Total est le 1er distributeur de carburant en Afrique, avec une présence dans 40 pays.

Il y a un vaste champ d’application des principes du GC, je vais présenter des exemples autour des droits de l’homme, de l’environnement et de la corruption.

I – Les droits de l’homme et droits de l’homme au travail

Nous veillons à la sécurité du personnel de Total – protection contre les attentats, les enlèvements. Nous appliquons une approche calquée sur les Voluntary Principles for Security and Human Rights, appliquée d’abord en Ouganda et au Nigeria. Nous cherchons le dialogue avec les communautés locales plutôt que d’avoir un cordon de policiers autour de nos sites. Nous sommes très attentifs aux bonnes relations avec les communautés locales. Nous avons mis en place partout en Afrique un mécanisme de traitement des plaintes. La question de l’impact de la RSE ne se pose pas pour nous – si les communautés voient les intérêts de votre activité et profitent de leurs retombées positives, votre entreprise travaillera mieux.

En janvier 2015 a eu lieu la signature du 1er accord mondial de Total avec IndustriALL Global Union, qui reprend les engagements qui s’inscrivent dans les principes du GC, pour se développer en harmonie avec population locale.

Un autre aspect important est le développement des capacités locales. Ce qui est un défi dans l’industrie pétrolière offshore, où on opère dans la haute technicité Total vise à créer des partenariats locaux en créant de toutes pièces des plateformes d’assemblage et des usines, qui permettent de créer de la richesse sur place en faisant travailler les personnes locales. Nous avons un programme avec 11 millions d’heures de travail effectuées en Angola par des angolais. Les projets de l’industrie pétrolière et gazière sont des projets très importants, représentant entre 5 et 10 milliards de dollars.

II – L’environnement

La production de pétrole (sans parler de son utilisation comme énergie) a un impact sur l’environnement, surtout en cas d’accidents. Un gros inconvénient est aussi le brûlage du gaz. Jusqu’à peu de temps, le gaz dégagé par la production de pétrole était brûlé. Aujourd’hui, nous sommes contraints, d’un point de vue technologique, de le brûler pendant les 2 premières années. Mais ensuite il peut être réinjecté dans le gisement, ce qui a en plus l’avantage de conserver la pression du gisement et d’améliorer la récupération du pétrole.

Aujourd’hui, nous développons des centrales solaires en Afrique du Sud. Nous avons été retenus, car nous proposions un projet de développement durable avec la construction de la centrale.

III – La lutte contre corruption

L’ITIE (Initiative pour la transparence des industries extractives) permet de savoir ce que les compagnies versent aux Etats – c’est un puissant outil pour lutter contre la corruption. Total a des formations anti-corruption, et un programme de conformité anti-corruption, qui comprend des audits externes. Ce programme permet de s’assurer qu’il n’y a pas de corruption ou, s’il y en a, de rectifier le tir et de prendre les sanctions qui s’imposent.

Q : Est-ce que le logiciel informatique s’adapte aux spécificités de chaque pays ?
C’est un outil universel qui ne dépend pas de la spécificité du pays. Il permet d’identifier les parties prenantes dans tous les domaines, et de comprendre : quelle est leur influence réelle sur nous ? Comment travailler avec eux ? C’est aussi une manière efficace de ne pas oublier de parties prenantes. Il est utilisable aussi bien au Yémen qu’au Canada, en Europe qu’en Afrique. Il s’agit de guidelines et d’outils de reporting qui sont les mêmes dans tous les pays. On n’a pas de politique RSE ou de lutte anti corruption qui dépende du pays : on a une politique globale, quelque soit le pays. Il n’y a pas de tolérance supérieure d’un pays à l’autre.

Q : La RSE cible les collaborateurs ou les populations locales ?
La RSE est pour les deux ! Le budget RSE Total mondial est 400 millions de dollars. Cela peut semblé élevé, mais on considère qu’il est nécessaire pour opérer. Il y a aussi des rapports d’études sur nos impacts par rapport aux communautés locales. Enfin la loi Grenelle 2 nous impose d’accompagner le rapport financier d’un rapport de RSE.

Q : Comment la RSE de Total se décline au Gabon ? Comment se traduisent les engagements du groupe, notamment par rapport au GC ? Y a-t-il un contact au Gabon ? Le nouveau patron de Total Gabon est un Gabonais – une première – est-ce qu’il appliquera la RSE ?
Aujourd’hui, nous avons un Gabonais à la tête d’une filiale importante au Gabon. Je ne pense pas que nommer un Gabonais à la tête d’une filiale change dans un sens ou un autre les pratiques RSE, car la politique de Total est globale en terme de RSE et est tournée à la fois vers le personnel, mais aussi vers l’extérieur.

Q : Comment gérez-vous la pollution autour du pétrole ? Et l’ensemble des impacts environnementaux et sur la santé ?
En principe, cela va vous étonner, mais l’extraction pétrolière elle-même pollue peu, à l’exception du principal problème qui est celui du brûlage de gaz, mais nous sommes en train de le traiter. Le 2ème est celui des accidents, des guerres ou des sabotages. Normalement, sur un site pétrolier, tout est étanche, et on peut travailler des années sans voir une goutte de pétrole. En revanche, si on travaille mal, des fuites seront créées. C’est le cas par exemple au Gabon, avec le cas d’un puits (non Total) mal rebouché, où le pétrole suinte.

Q : Est-ce Total encourage ses partenaires et sous-traitants à signer le Global Compact et à prendre des actions RSE ?
Pas directement, nous demandons à nos fournisseurs d’avoir un code de conduite et, s’ils n’en ont pas, nous lui demandons d’adhérer au code de conduite de Total, qui inclut des principes de GC. Mais l’adhésion au GC n’est pas obligatoire.

Q : Est-ce que la RSE a un impact positif sur l’entreprise ?
Les perspectives de développement d’une société sont évidemment liées à une bonne politique de RSE. Par exemple, Total a obtenu la construction d’une centrale solaire en Afrique du Sud grâce à un accompagnement RSE solide.

Q : Pouvez-vous nous dire un mot sur le management interculturel ?
Nous avons des stages de management interculturel, et le principal défi que nous avons est effectivement qu’un bon management doit correspondre à la vision du monde et de la société par les personnes concernées. Or cette vision est très différente selon les régions. Chaque expatrié suit bien sûr un cours de management adapté à la culture locale. Moi-même ayant été confronté à de nombreuses cultures, je pense que la principale qualité d’un manager est celle d’écouter et de comprendre la culture locale.

Je vous ai parlé uniquement de pollution liée à la production de pétrole, mais je ne vous ai pas parlé de celle liée à l’utilisation du pétrole : brûlage du pétrole, diesel… Total pense que le pétrole devrait être utilisé uniquement pour les usages pour lesquels il ne peut être remplacé : transport aérien et pétrochimie. En effet, le plastique vient du pétrole et du gaz. Il faut trouver d’autres alternatives pour les autres usages. C’est pour cette raison que Total s’est lancé avec beaucoup de moyens et de conviction dans l’énergie solaire.

Photo : site EuropeAid – Brigitte Mentges

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