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C’est une plainte inédite qu’a déposée, mercredi 28 juin à Paris, l’association Sherpa, qui se fixe pour objectif de défendre les victimes de crimes économiques. L’ONG s’est constituée partie civile avec l’association Ibuka et le Collectif des parties civiles pour le Rwanda : selon les informations recueillies par Le Monde et Radio France, elle accuse la banque BNP Paribas de « complicité de génocide, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre » pour avoir financé un achat d’armes au profit du gouvernement extrémiste hutu de Kigali, en juin 1994, alors que le génocide des Tutsi battait son plein, et en violation d’un embargo décrété par les Nations unies…
A l’époque, en raison du génocide en cours depuis le 6 avril 1994, le Conseil de sécurité des Nations unies avait décrété un embargo sur les ventes d’armes à destination du Rwanda, le 17 mai. Malgré les déclarations du marchand d’armes sud-africain au gouvernement des Seychelles, la destination finale des armes – essentiellement des kalachnikovs, des munitions, des grenades et des mortiers – ne peut guère faire de doutes pour la BNP puisque c’est la Banque nationale du Rwanda qui lui demande le paiement de la somme de 1,3 million de dollars sur le compte suisse de M. Ehlers à l’Union bancaire privée de Genève, qui elle-même règle ensuite le gouvernement des Seychelles sur un compte américain hébergé à la Federal Reserve Bank of New York…
« Quand on est une banque, on a l’obligation de se renseigner sur la destination finale des fonds débloqués en cas de circonstances inhabituelles, souligne Marie-Laure Guislain, responsable du pôle globalisation et droits humains chez Sherpa. Or, l’embargo et le génocide au Rwanda créaient un contexte inhabituel. Et deux lois, de 1990 et 1993, obligeaient à l’époque les banques à se montrer vigilantes. C’est ce qu’a fait la BBL, pas la BNP, qui ne pouvait pas ignorer que cette somme était destinée à acheter des armes. »… »
Photo : Pixabay