Dossier : la RSE au Maroc [avec un focus intéressant sur la lutte contre la corruption]

1 février 2013 - Transparency International

« Nous consacrons ce numéro de Transparency News à la responsabilité sociale de l’entreprise. La RSE, cette démarche managériale qui cherche à intégrer dans la responsabilité de l’entreprise les préoccupations sociales, écologiques et culturelles de son environnement et qui rompt avec la vulgate néolibérale exprimée en des termes crus, par la fameuse formule de l’économiste américain Milton Friedman : la seule responsabilité de l’entreprise est de faire du profit pour rémunérer les actionnaires…

Dans les pays avancés la RSE gagne du terrain, se développe sous la pression des ONG et d’une opinion publique désabusée par les méfaits d’un capitalisme débridé. On ne peut pas en dire autant pour le cas du Maroc. Le concept avance à petits pas dans un environnement d’affaires peu réceptif à l’innovation…mais il avance tout de même et nous y voyons une opportunité dans notre combat contre la corruption.

Mais des questions légitimes s’imposent à nous : la RSE, ensemble de règles non contraignantes supposant l’adhésion volontaire, peut elle contribuer à faire reculer la corruption dans notre pays ? Réussira-t-elle là où la loi peine à s’imposer ? N’est elle pas d’abord un instrument de “com“ voire de camouflage comme pensent les plus sceptiques ? Ne relève-t-elle pas de cette rhétorique générale qui a peu de prise sur la réalité ? Autant nous considérons comme tout à fait légitimes ces questionnements et ces doutes, autant nous croyons que c’est à nous, société civile de faire en sorte que des démarches de progrès comme celles là, prennent racine dans notre environnement et que le gap entre le discours affiché et la réalité vécue se réduise dans ce domaine comme dans d’autres. C’est à nous d’impulser le débat. Et l’histoire nous apprend que les mouvements d’idées porteuses de progrès finissent par produire leurs effets et influencer les comportements.

Dans le domaine où nous agissons, nous avons besoin de voir le comportement de l’entreprise marocaine changer. Nous avons besoin de voir nos opérateurs éco- nomiques considérer la corruption comme un mal absolu et, non comme un mal nécessaire avec lequel ils peuvent cohabiter. Nous avons besoin de voir l’engagement collectif exprimé par les organisations patronales, par la CGEM en particulier, s’articuler à l’engage- ment individuel de chaque entre- prise…Force est de constater que l’entreprise marocaine, le plus souvent soumise à des pratiques d’extorsion, est loin de se préva- loir d’un engagement effectif dans la lutte contre la corruption. Elle n’est pas en première ligne dans ce combat.

Dès lors, encourager le développement de la RSE et chercher à en faire un outil de promotion de la bonne gouvernance, voire un levier dans la lutte contre la corruption, est une voie que nous pensons utile d’emprunter… »

Photo : site EuropeAid

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