[Sénégal] Vote du nouveau code de la pêche maritime : l’espoir brisé des pêcheurs artisans

9 juillet 2015 - Greenpeace

« …Ce choix grave s‘est matérialisé par les largesses énormes que le nouveau texte a offert aux acteurs industriels, surtout nationaux. Ces largesses vont de la non-obligation de leurs navires battant pavillon sénégalais d’embarquer des observateurs, ce qui constitue un recul grave par rapport au code de 1998, au traitement discriminatoire dont ils bénéficient pour les sanctions contre la pêche illégale, non rapportée et non réglementée (INN). En effet, là où les navires étrangers débourseront entre 500 millions et 1 milliard de FCFA pour pêche sans autorisation, les locaux n’auront à payer qu’entre 40 et 50 millions de FCFA…

Cette discrimination sur les montants des amendes, en plus d’être injuste, est contreproductive. Il suffit de jeter un coup d’œil sur les statistiques de la pêche INN de la Direction de la protection et de la surveillance des pêches (DPSP) pour s’en rendre compte. Sans entrer des les détails, l’écrasante majorité des cas de pêche INN recensée par ce service est l’œuvre des navires industriels locaux. Pis, ils sont connus pour ne pas être de bons payeurs. Les reliquats qu’ils doivent au trésor public s’accroissent d’année en année…

Cette discrimination est d’autant plus insensée qu’il est aujourd’hui notoirement connu que les navires dits «sénégalais » ne le sont que de nom. L’absence de transparence qui caractérise le processus de sénégalisation des navires de pêche et la création des sociétés mixtes de pêche en est l’illustration la plus parfaite…

Le cas de Sénégal Armement S.A n’est que la face visible de l’iceberg. Plusieurs sociétés mixtes seraient dans la même situation, avec des investisseurs espagnols, français, grecs, italiens entre autres.
Autre largesse faite aux industriels à travers ce nouveau code, concerne les conditions d’affrètement des navires de pêche étrangers. Dans le code de 1998, l’affrètement était autorisé aux personnes de nationalité sénégalaise. Avec le nouveau code, toute personne morale de droit sénégalais peut affréter des navires de pêche. Il est clair que cette nouvelle disposition a été taillée de toute pièce pour satisfaire des compagnies comme SCA S.A (la filiale sénégalaise du géant Sud-coréen, Donwong) et bientôt les Russes dont la stratégie d’avoir la main mise sur le poisson sénégalais, a défaut de licences de pêche, va consister à reprendre la défunte société Africamer…

Durant le long processus de révision du code de la pêche, Greenpeace et la société civile sénégalaise, dont les organisations professionnelles de pêcheurs, ont multiplié les initiatives pour alerter l’opinion sur les limites du nouveau code et attirer l’attention des parlementaires sur la nécessité de ne pas le voter. Ils l’ont fait à travers une déclaration conjointe qu’ils ont rendue public le 27 juin et lors de rencontres avec des députés du peuple… »

Photo : RSE et PED

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