Voitures électriques : polluées par le travail des enfants ?

30 septembre 2016 - Amnesty International

« Les grands constructeurs de voitures électriques doivent dire la vérité à leurs clients sur les mesures qu’ils prennent pour ne pas recourir au travail des enfants via leurs chaînes d’approvisionnement, et dénoncer ouvertement tous les abus qu’ils constatent, a déclaré Amnesty International le 30 septembre, la veille de l’ouverture du Mondial de l’automobile de Paris, où seront exposés de nouveaux modèles de voitures électriques.

Les grands constructeurs General Motors (GM), Renault-Nissan et Tesla n’ont pas révélé les mesures qu’ils prennent afin de ne pas utiliser pour leurs batteries le cobalt extrait des mines de la République démocratique du Congo (RDC) par des enfants n’ayant parfois pas plus de sept ans.

« Les voitures électriques ne sont probablement pas aussi « propres » que vous le pensez. Les clients doivent savoir que ces voitures vertes sont peut-être polluées par les souffrances des enfants qui travaillent en RDC. Les clients du Mondial de l’automobile à Paris achèteraient-ils une voiture s’ils savaient qu’elle a été construite au prix d’une enfance sacrifiée ? », a déclaré Mark Dummett, chargé de recherches sur la responsabilité des entreprises en matière de droits humains à Amnesty International…

Les résultats de nouvelles recherches, rendues publiques par Amnesty International la veille du Mondial de l’automobile 2016 de Paris, ont permis de pointer du doigt cinq constructeurs. Selon de nouvelles sources et des communiqués de presse des entreprises, le fabricant de batteries sud-coréen LG Chem fournit des batteries pour :

  • La Chevrolet Volt de GM,
  • Les Twizy et ZOE de Renault-Nissan,
  • Des versions améliorées de la Tesla Roadster.

Samsung SDI, une entreprise sud-coréenne également, fournit BMW (pour les i3 EV et i8 PHEV) et Fiat-Chrysler (pour la 500E EV), ainsi que l’ont reconnu les deux constructeurs dans des lettres adressées à Amnesty.

Dans son rapport de janvier 2016, Amnesty International a révélé que d’autres constructeurs tels que Daimler, VW et le géant chinois du véhicule électrique BYD, utilisent probablement du cobalt provenant de mines de la RDC où des enfants et des adultes travaillent dans des conditions dangereuses.Fiat

Amnesty International a utilisé des documents d’investisseurs pour monter que le cobalt extrait de mines de la RDC est acheté par une entreprise chinoise, Zhejiang Huayou Cobalt (Huayou Cobalt), qui le fournit ensuite à des fabricants de composants pour batteries en Chine et en Corée du Sud. Ces fabricants de composants vendent à leur tour leurs produits à des fabricants de batteries, notamment à LG Chem et à Samsung SDI, chez qui se fournissent un grand nombre des plus grands constructeurs mondiaux d’automobiles.

Daimler a déclaré qu’il ne se fournit pas directement en RDC ni auprès de fournisseurs en RDC. De même, VW a nié tout lien avec Huayou Cobalt. Les deux constructeurs disent qu’ils prennent des mesures supplémentaires pour détecter les risques en matière de droits humains dans leurs chaînes d’approvisionnement en cobalt, sans toutefois fournir de preuve. Par exemple, ils n’expliquent ni l’un ni l’autre comment ils vérifient les informations que leur donnent leurs fournisseurs. Ils n’ont pas révélé l’identité des affineurs ni l’existence d’une évaluation de leurs pratiques. BYD n’a pas répondu aux demandes d’informations d’Amnesty International.

BMW et Fiat Chrysler, pourtant très sensibles aux politiques de respect des droits humains, ne respectent toujours pas les normes internationales

General Motors (GM) et Tesla n’ont pas répondu à la demande que leur a adressée Amnesty International afin qu’ils fournissent la preuve de leur méthode d’identification et d’élimination des abus en matière de droits humains dans leur chaîne d’approvisionnement en cobalt, en particulier en ce qui concerne le travail des enfants. L’entreprise Renault a déclaré qu’elle répondrait à Amnesty International « le plus tôt possible », mais n’a pas fourni plus d’informations.

Par contre, BMW et Fiat-Chrysler ont tous deux répondu de façon détaillée, mais en ne fournissant pas de preuve suffisante de leur respect des normes internationales applicables concernant les chaînes d’approvisionnement en minerais :

  • BMW dit vérifier sa chaîne d’approvisionnement en cobalt depuis 2013 et collaborer avec ses fournisseurs pour identifier ses affineurs, dont il a refusé de révéler le nom. BMW a ajouté que Huayou Cobalt ne faisait pas partie de ses fournisseurs, et que son fournisseur de batteries, Samsung SDI, lui avait garanti que Huayou Cobalt ne faisait pas partie de sa chaîne d’approvisionnement. Or, BMW n’a pas fourni la preuve d’éventuelles mesures indépendantes qu’il aurait prises pour vérifier les affirmations de Samsung.
  • Fiat Chrysler, un autre client de Samsung SDI, a également indiqué que Huayou Cobalt ne faisait pas partie de sa chaîne d’approvisionnement. Elle prend elle aussi manifestement pour argent comptant les affirmations de Samsung. Fiat Chrysler a admis qu’actuellement elle n’a pas de « programme axé spécifiquement sur l’identification des fondeurs et affineurs de cobalt ». Cela signifie que Fiat Chrysler n’a pas mis en place de système permettant de remonter la trace du cobalt qu’il utilise jusqu’au « point de départ », et qu’elle n’est pas en mesure de déterminer si le cobalt extrait de mines de la RDC par des enfants est intégré dans sa chaîne d’approvisionnement… »

Photo : RSE et PED

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