ÉVÉNEMENTS EN LIGNE

COMPTE-RENDU DU WEBINAIRE
Les Principes Directeurs relatifs aux Droits de l’Enfant et aux entreprises, avec l’UNICEF

Le 14 octobre 2016 - ,

Intervenant

Hugo Vizzavona Charbit,

Responsable du Pôle Prospection de l’UNICEF France

 

Présentation

UNICEF_CBRPs_RSE-PED

 

 

 

 

 

 

Compte-rendu

Le 14 octobre 2016, s’est tenue une webconférence sur les Principes régissant les entreprises dans le domaine des droits de l’enfant (développés par UNICEF, Global Compact de l’ONU, et l’ONG Save the Children). Hugo Vizzavona Charbit, d’UNICEF France, a introduit la séance en rappelant l’objectif de ce webinaire : sensibiliser sur le rôle des entreprises et leurs impacts sur les enfants.

Hugo Charbit a commencé avec un bref descriptif de l’organisation UNICEF :

  • Son rôle est la mise en place d’actions en direction des enfants les plus vulnérables et difficiles à atteindre dans les pays en développement ;
  • Présente dans 190 pays et territoires ;
  • 150 bureaux pays qui sont en charge de la mise en place des programmes.

Il a précisé qu’UNICEF  n’a pas vocation à remplacer l’Etat mais a un rôle de plaidoyer et de collecte de fonds. UNICEF agit principalement sur 3 axes : la protection (ex. : violence, travail des enfants), l’éducation, et la nutrition. Elle prend également de façon transversale toutes les thématiques rattachées à l’enfant.

En ce qui concerne la RSE, Hugo Vizzona Charbit a pris l’exemple d’Unilever pour illustrer la question. Chaque jour, 2 milliards de personnes sont en contact avec un produit Unilever. Considéré par le prisme des enfants, il est nécessaire que cette entreprise change son approche.

UNICEF considère que l’entreprise peut être un levier bénéfique pour les enfants et la communauté en général. Avant, il y avait la philanthropie, qui avait du sens. Aujourd’hui l’approche doit être intégrée aux opérations de l’entreprise. L’entreprise doit se demander comme investir dans la chaîne de valeur pour avoir un impact positif sur les enfants et l’environnement. Pour ce faire, il est alors possible de réaliser des partenariats intelligents pour améliorer la chaîne de valeur de l’entreprise.

Ces partenariats se basent sur 3 piliers :

  • Un investissement/financement des communautés ;
  • Un plaidoyer/engagement avec les Etats et parties prenantes pour changer les lois, pour améliorer l’encadrement ou créer des cadres plus favorables aux enfants ;
  • Une connaissance des pratiques et une prise en compte des droits des enfants dans les politiques de l’entreprise.

Après cette approche générale d’UNICEF  sur son travail avec le secteur privé, Hugo Vizzona Charbit a donné quelques exemples de partenariats.

Avec Facebook, il aurait été possible de juste demander de l’argent. Mais UNICEF a plutôt misé sur l’utilisation de Facebook, du fait de son fort taux de pénétration, comme un diffuseur de bonnes pratiques avec la mise en avant des risques encourus par les enfants sur Internet.

L’enjeu que rencontre UNICEF est que l’impact du travail sur les enfants se retrouve dans beaucoup de secteurs, et que cela va au-delà de la relation directe entreprise-enfants. Pour faire passer ce message, dans son programme de sensibilisation, UNICEF s’adresse aux adultes en tant que parents en posant cette question anodine mais qui a de l’impact par la suite : est-ce bénéfique pour l’enfant que les parents travaillent tous les jours et qu’ils ne s’en occupent pas ? Il faut voir comment les entreprises peuvent favoriser la situation des enfants par celle des parents qui travaillent chez elles et par les produits qu’ils vendent.

Hugo Vizzona Charbit fait alors un rappel législatif sur le droit des enfants (les normes internationales incluent les Principes directeurs pour les entreprises et les droits de l’homme de l’ONU ; la Convention Internationale sur le droit des enfants ; les autres conventions relatives à toutes formes de travail) et indique que UNICEF se greffe aux législations existantes pour y ajouter un volet sur l’impact des entreprises sur les enfants.

Pour autant, l’objectif des 10 principes directeurs n’est pas de dédouaner les Etats. Le véritable enjeu théorique est que l’entreprise doit faire respecter les principes qui la concernent : le lieu de travail, le produit, la communauté et l’environnement.

Les Principes pour les entreprises et les droits de l’enfant se structurent ainsi :

  • 1er principe : pour fonctionner l’entreprise doit être engagée aux niveaux public et politique. Elle a un devoir d’évaluation de la réalisation concrète de son engagement pour appliquer ensuite des mesures correctives. Elle met alors en place une forme de compensation qui renouvelle son engagement. C’est cette itération qui est au cœur des principes, avec un enjeu pour l’entreprise de répondre aux principes et de les promouvoir.
  • Principes relatif au lieu de travail (workplace)
    Ils concernent le travail des enfants et aussi ceux qui en sont responsables.
    Hugo Vizzona Charbit donne comme exemple l’allaitement sur le lieu de travail. Cela est un enjeu car il contribue à limiter l’absentéisme des mères au travail. Cela a un impact positif en termes de performance pour l’entreprise. Cela s’est vérifié en Indonésie, où UNICEF a mené une action de plaidoyer et où une banque a mis en place, suite à ce plaidoyer, une politique incluant par exemple des salles réservées aux salariées mères et à leurs enfants. Un résultat direct a été obtenu sur le droit des enfants. Il faut en fait tenir compte du bien-être et de la santé des personnes qui travaillent.
  • Principes relatif au marché (marketplace)
    Ils concernent tout ce qui touche au développement du produit.
    Par exemple, en Afrique, une entreprise travaille sur la composition des produits. Cette entreprise est reconnue pour prendre en compte les enjeux nutritionnels des pays où elle s’implante.
    Au niveau de la communication et de la publicité, il a pris pour exemple l’entreprise de jouets Lego. Cette dernière a une forte interaction en ligne avec les enfants. A partir des outils d’UNICEF, elle a développé un outil d’auto-évaluation de leurs pratiques en ligne et publicitaires avec les enfants. L’entreprise s’est alors rendue compte qu’elle pouvait avoir un impact négatif sur les enfants.
  • Principes relatifs à la communauté et à l’environnement
    Hugo Vizzona Charbit a travaillé en Mongolie et en RD Congo sur la question des migrations car la situation des migrants a un impact sur l’environnement et la communauté. Il prend pour exemple les chantiers qui sont certes source d’emploi mais ne prennent pas en compte la situation des enfants. On constate donc des abus importants. Cela montre qu’il y a un manque d’infrastructures de la part des Etats.
    UNICEF préconise de faire une étude d’impact en amont pour connaitre les besoins et l’impact sur la population de l’installation d’un chantier par exemple. Il faut anticiper la situation à venir.
    Il souligne qu’il est dur d’agir dans l’économie informelle, de lutter contre la pauvreté et la misère qui ont des causes multiples.

Sur son site, UNICEF propose des outils pour les différents secteurs. Pour les concevoir et les développer, des séances de réflexion ont lieu avec les différents acteurs.

 

Questions & Réponses

Que pensez-vous des marques de reconnaissance RSE, qui valorisent les démarches mais qui ne sont pas des déclarations « certifiantes » ?

Les entreprises souhaitent pouvoir faire reconnaitre la démarche RSE qu’elles mettent en place; les méthodes d’évaluation proposées peuvent aider les entreprises à mesurer leur performance et à s’améliorer

Au Katanga, il existe dans des mines et carrières des enfants qui y travaillent pour se nourrir et nourrir leurs parents au lieu d’aller à l’école pour apprendre le métier. Comment faire pour les persuader d’abandonner les mines afin de s’adonner aux études ?
Pour UNICEF l’intervention se fait au cas par cas :

  • Si un enfant travaille dans une mine artisanale sans équipement approprié, UNICEF recommande de le retirer car il risque sa vie ;
  • Si la vie de l’enfant n’est pas mise en péril, l’approche de UNICEF est plus graduée. Il est parfois difficile pour l’enfant de se réadapter car il ne veut pas retourner à l’école. Donc la démarche est progressive pour le remettre dans un cursus normal, avec l’accord de ses parents et de ses tuteurs. Il faut d’ailleurs parfois prévoir une compensation financière pour équilibrer la perte du foyer.

Quelles responsabilités de l’entreprise industrielle en cas de pollution environnementale nuisible à la santé de l’enfant ?
La responsabilité de l’entreprise dépend du contexte du pays car le rapport de force est disproportionné entre la population et l’entreprise. Les principes directeurs sont parfois respectés au bon vouloir de l’entreprise. C’est pour cela que UNICEF insiste sur la nécessité d’évaluer les impacts en amont.

Comment pouvoir aider nos organisations publiques, et par la suite nos entreprises, à instaurer et s’approprier des principes de la RSE durant cette période transitoire post-révolution (encore inachevée), dans un environnement national, régional et international tellement instable et imprévisible qu’on ne peut ni voir le bout du tunnel ni comment procéder ?
Pour convaincre les Etats il faut convaincre les entreprises qui sont le levier. Il y a besoin de l’influence du secteur privé : plus il y aura une implication des entreprises plus le secteur public sera bienveillant.

J’aimerais savoir si l’interaction des entreprises avec les enfants n’est pas abusive. Je parle ici des publicités des grandes firmes et même des entreprises locales qui mettent en avant des enfants. Est-ce que le respect de leurs droits est pris en compte par UNICEF ?
UNICEF prend en compte les droits des enfants dans la communication. Cela correspond à un volet particulier dans les principes.

Est-ce que les PME peuvent bénéficier concrètement de votre expertise ?
UNICEF n’est pas un cabinet de conseil mais mise plutôt sur un accompagnement en termes de partenariats qui ont des impacts forts sur les enfants. Cela a été fait par exemple avec l’entreprise de jouets Lego et une entreprise dans le secteur de l’extraction minière. L’organisation livre en amont les connaissances, le cadre et les outils et pousse ensuite les entreprises à faire une étude d’impact. Starwood a par exemple fait une étude au Mexique et au Vietnam sur les enjeux de l’industrie hôtelière. Mais l’autre vraie question est l’allocation de ressources par les entreprises aux études d’impact. 

Vous avez évoqué l’impact des TIC sur le harcèlement des enfants: avez-vous des données sur l’accroissement de cet impact ? Est-ce un danger qui risque de croître énormément ?
UNICEF travaille avec les acteurs des TIC. Il y a en effet un risque car leur utilisation est galopante. UNICEF a donc développé un programme et un plaidoyer sur le harcèlement en ligne.

Avez-vous une liste des entreprises ayant intégré ces principes, si oui, est-ce qu’il y a des entreprises africaines ?
Il n’y a pas encore de liste des entreprises africaines appliquant les principes car leur intégration peut se faire de manière diffuse.

Pour retrouver les Principes et les outils proposés par UNICEF sur la RSE et les enfants : www.unicef.org/csr/

Biographie

Hugo Vizzavona Charbit est responsable du développement des partenariats à UNICEF France. Avant de rejoindre UNICEF, il était Directeur de la Communication de Veja. Il travaille depuis longtemps sur les questions de responsabilité des entreprises et notamment à la possibilité de marier profit et respect de l’Homme et de l’environnement.

L’UNICEF, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance, est l’agence de l’ONU qui depuis 1946 est chargée de promouvoir et défendre les droits de l’enfant, et de faire en sorte qu’ils soient respectés pour tous les enfants et les adolescents du monde, en répondant à leurs besoins essentiels et en favorisant leur plein épanouissement, notamment en leur assurant santé, éducation, égalité et protection. Et ce sur le long-terme, comme dans les situations d’urgence, et en plaçant les enfants les plus défavorisés et les plus exclus au cœur de toute action.

Pour ce faire, l’organisation se base sur la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE), et est déployée dans plus de 190 pays et territoires, à travers ses bureaux de terrain dans les pays en développement, et ses Comités Nationaux (comme UNICEF France) dans les pays industrialisés.

Les domaines d’intervention de UNICEF sont multiples : santé, VIH/sida, eau/hygiène et assainissement, nutrition, éducation/égalité, protection, inclusion sociale, urgence.

www.unicef.fr/

Crédit photo : UNICEF

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