Les pseudo-réformes du droit du travail au Qatar ne règlent pas le système de la Kafala et ajoutent un degré de répression envers les travailleurs migrants [et enquête multimédia]

« …Les fameux « permis de sortie » ne sont pas abolis dans la nouvelle législation, et les travailleurs doivent toujours obtenir la permission de leur employeur pour quitter le pays. Officiellement, les travailleurs pourront se tourner vers le ministère de l’Intérieur, mais la plupart d’entre eux vivent dans la crainte de ce ministère. Les travailleurs migrants n’ont pas le droit d’adhérer à un syndicat et n’ont pas le poids collectif que confèrent les comités de représentants élus sur les lieux de travail. Les travailleurs domestiques demeurent totalement exclus du droit du travail.

« Les entreprises internationales exerçant une activité au Qatar ne peuvent plus être dupes des promesses de réforme du Qatar. L’atteinte à la réputation des entreprises internationales qui recourent à une main-d’œuvre migrante réduite en esclavage au Qatar s’est intensifiée avec les pseudo-réformes du gouvernement », ajoute Burrow.

Le Conseil d’administration de l’Organisation internationale du travail, qui se réunira à Genève en novembre, examinera la création d’une commission d’enquête au sujet des mauvais traitements infligés aux travailleurs migrants au Qatar, ce qui exercera une pression accrue sur les gouvernements et les entreprises pour protéger les travailleurs migrants dans ce pays.

L’enquête consisterait à étudier l’incapacité du Qatar de remédier au constat de l’OIT à l’égard des violations de la Convention de l’OIT sur le travail forcé et de la Convention sur l’inspection du travail ; l’enquête aurait en outre des conséquences d’une grande ampleur pour les entreprises qui ont une activité au Qatar. Plus de 200 milliards USD sont actuellement dépensés dans les infrastructures de la Coupe du monde de 2022 et la Vision nationale du Qatar pour 2030.

« La tragédie que vivent 1,7 millions de travailleurs migrants bloqués au Qatar illustre l’esclavage moderne et le refus de reconnaître les droits syndicaux des travailleurs dans les États du Golfe. Le Qatar continue non seulement de priver les travailleurs de leurs droits, mais aussi d’occulter et d’ignorer la mort des travailleurs migrants qui construisent les infrastructures de la Coupe du monde de 2022 », indique Burrow.

Les nouveaux chiffres du recensement communiqués par le gouvernement du Qatar la semaine dernière font apparaître une augmentation de la population de 40 % depuis que l’organisation de la Coupe du monde a été confiée au Qatar, en 2010.

« Sept cent mille travailleurs migrants supplémentaires ont été attirés au Qatar pour développer le pays à une allure fulgurante »… »

Dessin : Stephff pour RSE et PED

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