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L’engagement d’Orange pour l’entrepreneuriat local en Afrique – Compte-rendu du webinaire du 28/11/2014

Le 28 novembre 2014 -

Intervenante : Catherine Flouvat, Responsable RSE Orange AMEA (Afrique Moyen-Orient Asie)

Modérateur : Kleber Biboum, CEO, Go Africa Business, Cameroun

Catherine Flouvat a partagé la démarche d’Orange en faveur de l’entrepreneuriat local en Afrique lors du webinaire du 28 novembre 2014 ; voici le compte-rendu des échanges et sa présentation.

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Compte-rendu

Kleber Biboum a introduit le webinaire en rappelant que les PME étaient les « parents pauvres de la croissance économique en Afrique », comme cela a été souligné lors du Forum des PME de Dakar. Bien qu’elles représentent 33% du PIB et 45% des créations d’emploi, elles souffrent souvent du manque de ressources propres et d’infrastructures viables pour se développer. Et elles ont une propension regrettable à évoluer dans la clandestinité et l’informel pour échapper au fisc (paiement des impôts).

Pour les PME qui se distancent de cette clandestinité, elles peuvent profiter de la pertinence de la démarche d’Orange.

Catherine Flouvat rappelle qu’Orange est un opérateur de téléphonie mobile et d’internet. Orange est présent dans 32 pays, dont environ 20 en Afrique et Moyen-Orient. Orange emploie plus de 20 000 personnes dans les pays africains.

Stratégie O4D

Pour accroître son impact en faveur du développement, Orange a élaboré la stratégie O4D – Orange For Development. Les études montrent en effet que le taux de pénétration des TIC est corrélé au développement.

O4D repose sur 3 piliers :

  • Infrastructure et connectivité – Orange vise à acquérir de nouveaux clients et être pérenne. Mais une problématique se pose : comment couvrir les zones rurales où les infrastructures habituelles – grandes antennes – sont trop chères ? Orange a développé des techniques abordables permettant de couvrir des zones rurales et de donner accès à la téléphonie mobile et à internet. Ceci a donné naissance aux Village Phones : de petites antennes qui sont des extensions du réseau « classique ».  Ces Village Phones créent des emplois locaux et améliorent l’accès aux marchés et à la santé par exemple. On compte plus de 1 500 village phones au Mali et plus de 4 500 déployés par Orange en Afrique.
  • Produits et services – Comment peut-on apporter de l’information pertinente et utiles aux personnes ? C’est pour répondre à ce besoin qu’Orange favorise la création de services d’informations. Ainsi, des applications fournissent des informations pour aider les agriculteurs. Avant, sans ce type d’application, les agriculteurs ne disposaient que d’informations trop anciennes. L’application #139# au Niger fournit les prix de 70 marchés de bétail et produits agricoles. Ce type d’application aide à négocier les prix de vente et à choisir le meileur moment pour vendre, elle réduit la vulnérabilité envers les intermédiaires, et optimise le transport etc.
  • Innovation ouverte – Enfin, Orange agit pour être un acteur de l’intensification du tissu économique local, en soutenant les entrepreneurs sur son cœur de métier, les télécoms, qui sont un vrai booster de l’entrepreneuriat.  Beaucoup d’acteurs économiques sont dans le secteur informel, plus facile de prime abord mais plus fragile. Les entrepreneurs n’ont pas d’accès aux compétences requises complémentaires aux leurs. Or l’entrepreneuriat est un choix d’avenir en Afrique. Catherine souligne qu’elle rencontre de jeunes Africains qui ne veulent plus, comme leurs parents, avoir une carrière dans la fonction publique, autrefois jugée prestigieuse. L’entrepreneuriat devient une option clé.

Comment se passe la mise en œuvre de cette stratégie ? Elle est de plus en plus insuflée aux collaborateurs, globalement et en Afrique. Par exemple Catherine incite les équipes techniques à intégrer dans leurs plans de déploiement les solutions techniques moins coûteuses et pouvant couvrir les zones rurales. C’est une démarche nouvelle pour Orange. Aux équipes Marketing, Catherine recommandera de proposer plus de services pour l’agriculture et moins de services type horoscope. Elle travaille à convaincre les filiales d’avoir des ressources dédiées au support à l’entrepreneuriat.

La mise en œuvre se fait enfin en impliquant tous les collaborateurs avec 3 principes :

  • Inclusivité : ces projets nécessitent d’avoir des partenariats avec des ONG, des agences publiques, des associations d’agriculteurs – ou l’équivalent pour la santé, l’éducation. Une consultation des parties prenantes est entreprise – d’une durée d’une semaine dans un pays. Les parties prenantes exprimeront leurs enjeux de développement, leurs priorités etc., et sur quels axes ils ont des attentes envers Orange.
  • Expérimentation à petite échelle ; puis passage à grande échelle grâce à la puissance d’Orange
  • Pérennité économique : Il y a quelques années, cette aproche n’était pas automatique. Maintenant c’est plus dans la pratique. La logique est que les services doivent être payants – même s’ils sont subventionnés pour les rendre accessibles aux personnes défavorisées. C’est la condition de leur pérennité.

En termes d’impact, 18 filiales africaines d’Orange sont embarquées dans au moins un projet de support à l’entrepreneuriat local. Il y a eu au total 16 700 participants locaux aux projets Orange.

Incubateurs

Les incubateurs sont des entités juridiques indépendantes dont Orange est partenaire. Les partenariats donnent lieu à un dialogue local. C’est le cas des incubateurs au Niger et à Dakar, et aussi des projets d’incubateurs en Tunisie et au Mali.

CTIC à Dakar a été le 1er projet d’incubateur dans lequel Orange s’est impliqué. Au départ c’est une initiative de la Banque mondiale. Le CTIC a un modèle très intéressant. C’est un des seuls incubateurs africains qui a un objectif en terme de pérennisation : à 5 ans, il devra s’autofinancer. Il a à présent 3 ans, et les résultats actuels montrent qu’il devrait être pérenne dans 2 ans. C’est un incubateur de start-ups dans les TIC.

Les incubateurs organisent des événements, des prix. Ils accompagnent les entreprises incubées. Ce sont des entités juridiques à part. L’incubateur fournit des prestations payantes (conseil) aux entrepreneurs.

Au Niger, peu de personnes croyaient au projet d’incubateur. Maintenant c’est fait, 11 entreprises y sont incubées. Leurs secteurs inluent les TIC, mais aussi les énergies renouvelables et l’environnement.

A Maurice, Orange a soutenu Ebene Accélérateur. D’autres pays sont demandeurs de tels projets : Madagascar, Cameroun et Côte d’Ivoire.

Prix Orange pour l’Entrepreneuriat Social en Afrique (POESA)

C’est un prix panafricain organisé dans les pays d’implantation d’Orange annuellement depuis 2011. Le portail Starafrica est utilisé pour communiquer, et pour recevoir les dossiers. Plus de 2 000 dossiers ont été reçus depuis sa création.En novembre 2014, les 3 prix habituels ont été remis, ainsiqu’un nouveau prix de 10 000 Euros. Le 1er prix s’élève à 25 000 Euros, le 2ème à 15 000 Euros, le 3ème à 10 000 Euros. En 2014, pour les 10 finalistes, un coaching est assuré par Venture Capital for Africa. Missionné par Orange, il vise à aider les entrepreneurs à se structurer et préparer leurs présentations pour les investisseurs.

En plus du POESA, des filiales mettent en œuvre leur propres challenges. L’Ouganda organise l’Orange Community Innovation Award – concours pour des initiatives TIC innovantes avec impact sociétal. Les gagnants ont pu passer 9 mois dans l’équipe Marketing d’Orange.

Hackatons

Ce sont des concours de codage qui s’organisent localement et donnent le jour à des applications. Celles-ci pourront rentrer dans l’écosystème d’Orange, comme en Tunisie où les gagnants sont intégrés à la boutique en ligne. Orange Côte d’Ivoire a organisé un hackaton lors du 5ème Forum de l’innovation. Le Meditel Apps Challenge est organisé depuis 2011 au Maroc ; plus de 370 applications y ont participé. Le Botswana a lancé plusieurs Hackatons thématiques, sur la santé, l’agriculture. La Tunisie a organisé en 2013 un challenge de développement d’applications mobiles éco-citoyennes.

Developer Center – Tunisie

Orange Tunisie a passé un partenariat avec une université tunisienne pour former 2 800 étudiants.

Orange Partner

Via le déploiement d’une plateforme unique, Orange va mettre à disposition des entrepreneurs des programmes déjà développés par l’entreprise : paiement en ligne, envoi de sms en nombre, mise de données sur le Cloud. C’est un programme global qui se met en place en Afrique.

Data for development

Utiliser des paquets de données. Combien de personnes appellent de tel endroit à Abidjan ? Permet d’optimiser les services de bus. Peuvent aider l’épidémiologie à détecter plus vite des foyers de maladies.

Orange Fabs

C’est un dispositif global. Un appel à projets est lancé pour sélectionner des start-ups innovantes qui développeront les services d’Orange. Les gagnants ont accès aux ressources techniques et marketing d’Orange et bénéficient d’autres soutiens.

Questions-réponses

Quels sont les critères d’implantation d’Orange en Afrique ?

Catherine Flouvat : il n’y a pas de critères spécifiques. Mais l’implantation dépend des licences mise en vente par les Etats ainsi que des cahiers des charges des appels d’offre : quels types de license et quelles modalités d’ouverture.

O4D est une stratégie globale. Les projets sont adaptés sur la base des attentes et priorités exprimées par les parties prenantes locales. Le Botswana aura des attentes différentes du Cameroun et de Madagascar. Il y aura adaptation.

Envisagez-vous des solutions gratuites pour les utilisateurs de vos services ?

Catherine Flouvat : Cela dépend du business model retenu. Par exemple nous avons une Hotline santé au Cameroun, anonyme, qui fonctionne par téléphone ou sms, et fournit des réponses aux questions médicales. Elle a été lancé avec le ministère de la santé qui a décidé de le rendre payante. Mais le ministère aurait pu décider qu’elle soit gratuite et porter tous les coûts de cette hotline. Certains services peuvent être subventionnés. Orange facture les services fournis – Par contre, la Fondation d’Orange fonctionnera elle sur un modèle de philanthropie.

Quels sont les critères d’implantation d’Orange en Afrique
Catherine Flouvat
: Il n’y a pas de critères spécifiques. Mais l’implantation dépend des Etats en fonction des cahiers des charges des appels d’offre : quels types de license et quelles modalités d’ouverture. O4D est une stratégie globale. Les projets sont adaptés sur la base des attentes et priorités exprimées par les parties prenantes locales. Le Botswana aura des attentes différentes du Cameroun et de Madagascar. Il y aura adaptation.

Envisagez-vous des solutions gratuites pour les utilisateurs de vos services ?
Catherine Flouvat
: Cela dépend du business model retenu. Par exemple nous avons une Hotline santé au Cameroun, anonyme, qui fonctionne par téléphone ou sms, et fournit des réponses aux questions médicales. Elle a été lancé avec le ministère de la santé qui a décidé de le rendre payant. Mais le ministère aurait pu décider qu’il soit gratuit. Certains services vont être subventionnés. Orange facture les services fournis – Par contre, la Fondation d’Orange fonctionnera elle sur un modèle de philanthropie.

Parmi ces beaux succès y a-t-il des modèles exemplaires ?
Catherine Flouvat
: Si on prend l’exemple de POESA, 8 projets sur 9 continuent d’exister, montrant leur pérennité. Une bel exemple de réussite est Niokobok, un site d’épicerie en ligne au Sénégal qui vend aussi des équipements utilisant l’énergie solaire. Il propose des solutions pour la diaspora afin de payer à distance des choses qui seront livrées à Dakar. L’entreprise a levé des fonds. Le POESA donne un coup de pouce, de la visibilité et de la crédibilité.

Y a-t-il une collecte des retours d’expérience pour accumuler les expériences et aider d’autres entrepreneurs ?
Catherine Flouvat
: Orange ne remplit pas ce rôle. Mais Orange peut ouvrir la porte et mettre en contact les incubateurs afin qu’ils puissent obtenir les informations souhaitées.

Quelle est la nature du partenariat annoncé par Orange Tunisie pour la Chaire RSE ?
Catherine Flouvat
: C’est un projet d’Orange Tunisie, qui est bien introduit auprès des universités locales. C’est un partenariat plus global d’Orange et il est distinct du projet du Development Center d’Orange Tunisie. La chaire a un impact fort, car elle permet que tous les dirigeants cadres de demain intègrent dans leur gestion le développement durable et ne laissent pas leur casquette d’éco-citoyen à l’entrée du bureau.

Quels sont les freins/erreurs dans les démarches d’entrepreneuriat ?
Catherine Flouvat
: Quelques entrepreneurs qui postulent ne connaissent pas les TIC, ne savent pas vraiment comment les TIC peuvent les aider et booster leur entreprise. Une fois les connaissances sur les TIC et leur apport intégrés, la prochaine difficulté est de trouver les bons partenaires et de s’adosser aux bonnes compétences complémentaires. On voit parfois de très bons dossiers techniques, mais qui n’ont pas fait les études marketing préalables. Une solution est de mettre les entrepreneurs en binômes complémentaires.

Quelles sont les perspectives de développement de l’entrepreneuriat lié au TIC en Afrique ? Avez-vous un plan de développement à 5 ou 10 ans de la démarche ?
Catherine Flouvat
: Notre développement est à la fois planifié et défini au fur et à mesure sur la base des retours d’expérience. Il y a un objectif fort : que les projets passent à grande échelle. Sur les services agriculture et santé il faudra atteindre une masse critique et que les services touchent non pas quelques centaines ou milliers de personnes, mais la majorité de la population cible.
Pour certains de nos services et produits il faudra des stratégies publiques, car certains services relèvent du service public : formation agricole, santé. Les ministères ont souvent des budgets limités, ou sont au tout début de leur expérimentation et compréhension de ce que peuvent amener les TIC. Ils se sont encore insufisamment appropriés ces services. Des agences de développement comme l’AFD commencent à recommander que les grands projets intègrent les TIC car ils augmentent l’impact. Il faudrait que les gouvernements développent des approches « e-gouvernement ». Cela arrivera, il y aura des synergies et des dispositifs puissants où les TIC pourront maximiser leur potentiel.

Est-ce que les API (applications) seront ouvertes pour permettre d’utiliser la plateforme d’Orange de paiement ?
Catherine Flouvat : Oui il y a une API qui est déjà ouverte dans certains pays et va continuer de s’ouvrir dans d’autres pays.

Quels conseils donneriez-vous aux petites ONG qui souhaitent intégrer les TIC à leurs projets ?
Catherine Flouvat
: Je recommande les modules du GSMA – GSMA for Development : www.gsma.com/mobilefordevelopment/programmes/utilities

Biographie

Diplômée de l’EDHEC Business School en France, Catherine Flouvat a tout d’abord été consultante chez Accenture. Elle a ensuite rejoint le Groupe France Télécom – Orange en 2001 où elle a été successivement Directeur du Bureau d’Orange Business Services, puis en charge du développement commercial entreprises pour l’Afrique et le Moyen-Orient.

Catherine a été volontaire pour des ONG en Afrique et en Inde et est passionnée par le développement durable comme un moyen novateur de combiner les intérêts économiques, sociaux et environnementaux. Catherine a un Master sur les études d’impact environnemental et de développement durable, et a finalisé une étude pour Orange RSE sur les déchets électroniques dans les pays émergents.

Depuis 2011, Catherine est en charge de la RSE d’Orange pour la zone AMEA (Afrique Moyen-Orient Asie) avec comme focus la mise en oeuvre d’une stratégie pour améliorer la vie des fermiers dans les zones rurales grâce à des services basés sur les TIC.

Kleber BIBOUM est titulaire d’un Master 2 en journalisme de paix, obtenu à l’Université Protestante d’Afrique Centrale (UPAC) à Yaoundé, en 2012.
Depuis août 2014, il est membre du Conseil d’Administration de l’Association RSE et PED, et Contributeur pays pour le Cameroun. Avec son entreprise GO AFRICA Business, il occupe actuellement la fonction de Chef de mission d’un projet de la Banque Mondiale, pour la mise en place d’une plateforme de redevabilité sociale dans le secteur minier au Cameroun : www.mines-cameroun.cm.

Il est très actif sur la toile. Passionné de l’économie des savoirs et de l’intelligence économique, il dirige depuis 2007, un réseau international de plus de 2000 membres (ONE AFRICA) sur la plateforme www.xing.com, pour une meilleure intégration et promotion des pays africains subsahariens, au sein de la nouvelle économie.

Homme de terrain et créateur de valeurs économiques depuis 2003, il est une ressource sûreà travers plusieurs événements organisés dans le domaine du tourisme, des TIC et du social business. Il a également réalisé plusieurs ouvrages de référence sous régionale, commis par l’Etat du Cameroun, dans les domaines de l’enseignement supérieur, de l’eau et de l’énergie.

Sa contribution dévouée au renforcement des capacités des jeunes entrepreneurs dans les domaines de la compétitivité et de la RSE, et son engagement dans l’encadrement des acteurs du monde rural, font de lui un artisan du développement endogène en Afrique.

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