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VIDÉOS ET PRÉSENTATIONS
Projet webinaires pour le leadership féminin dans l’économie africaine : enjeux et solutions

Le 25 novembre 2016 - ,

Modératrice et intervenantes

Morgane Viguet, WoMen’Up [France]

Fatime Christiane Ndiaye, Spécialiste Technique Principale Genre et Egalité, OIT [Sénégal]

Colette Jeannine Minka, Fondatrice et dirigeante, Emploi Service [Cameroun]

Joëlle Brohier-Meuter, Présidente, RSE et Développement [France]

Alix Lebrat, Directrice Générale, Canal+ Congo [Congo-Brazzaville]

 

Vidéos

Morgane Viguet

Fatime Christiane N’Diaye

Colette Jeannine Minka

Alix Lebrat

Présentations

Morgane Viguet Fatime Christiane NDiaye Colette Jeannine Minka LFEA couv

 

 

 

 

 

 

Compte-rendu

Morgane Viguet de Women’Up a introduit le webinaire du 25 novembre 2016 avec le média que son collectif lance en décembre. Elle animait le webinaire d’Abidjan où elle organise un voyage entrepreneurial axé sur l’éducation et leadership féminin. Elle a cité le quotidien Le Monde qui titrait que l’avenir du monde se joue en Afrique, avec toutes ses potentialités. Elle ajoute que l’avenir s’appuie sur la jeunesse et les femmes. Des changements sociétaux sont en route avec l’avènement du numérique même si des stéréotypes de genre subsistent. L’éducation et la formation des femmes sont des clés pour leur autonomisation. Morgane Viguet a rappelé l’objectif de ces webinaires : renforcer les compétences et les connaissances des femmes, les mettre en réseau, donner de la visibilité via un sous-portail du site dédié et réaliser un plaidoyer sur le sujet.

Fatime Christiane N’Diaye a pris la suite pour présenter les enjeux de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes et faire un panorama de l’économie africaine. Elle est Spécialiste technique principale genre et égalité à l’OIT (Organisation Internationale du Travail)/BIT pour l’Afrique francophone.

En introduction, elle pose le postulat que l’égalité impacte l’économie, l’activité des entreprises et le travail décent. Elle précise que pour le BIT, le travail décent est l’interaction entre la création d‘emplois, la protection sociale, les normes internationales du travail et le dialogue social. Elle expose qu’en Afrique les engagements pour l’égalité se développent. Ils s’illustrent par exemple par une instruction plus importante des femmes, un taux de participation sur le marché du travail supérieur dans certains pays à celui des hommes, l’occupation de carrière de pointe, le fait que le tiers des entreprises africaines sont dirigées par des femmes, et dans l’amélioration de la législation. Malgré ces avancées, des discriminations persistent dans l’enseignement supérieur et technique, l’emploi, les salaires et la création d’entreprise. Au niveau de l’emploi, les femmes sont cantonnées à certains secteurs (l’économie rurale, les services, la transformation agricole et le commerce) et n’occupent pas les postes à responsabilité. En plus de cela, les femmes travaillent dans de mauvaises conditions : moins de 10% d’entre elles disposent d’une couverture sociale, 86% occupent des emplois précaires, moins de 10% sont membres des organismes de dialogue social, leur travail n’apparait pas dans les statistiques, etc.

Fatime Christiane N’Diaye rappelle que l’égalité hommes-femmes est source de profit pour le pays et les entreprises. Pour ces dernières, les femmes représentent une source de talents inexploités. Pour appuyer ce propos elle informe qu’en 2008, les entreprises qui ont le moins subi la crise étaient celles avec de la diversité dans leur équipe dirigeante.

Fatime Christiane N’Diaye a ensuite proposé quelques solutions pour assurer une égalité hommes femmes au niveau législatif national et international et de la formation des femmes. Elle fait part d’une étude ayant porté sur l’impact de la crise sur l’emploi en Afrique. La crise aurait restructuré le marché de l’emploi sans qu’une partie des femmes en profitent. Alors que les jeunes trouvaient des emplois, 10% des femmes sortaient de la protection sociale ou étaient licenciées. Fatime Christiane N’Diaye rappelle que les discriminations hommes femmes sont dues à des raisons dites « objectives » mais aussi au maintien d’aspects culturels. D’autres solutions sont présentées telles que l’accès aux ressources financières ou encore le plaidoyer pour les femmes entrepreneures. Fatime Christiane N’Diaye précise que le BIT a développé une gamme d’outils pour les femmes entrepreneures.

Fatime Christiane N’Diaye a conclu en insistant sur le fait que les femmes participent au développement économique et représentent plus de la moitié du capital humain de l’Afrique.

Morgane a introduit Colette Jeannine Minka, Fondatrice de Emploi Service, société d’intérim au siège situé au Cameroun et à l’activité panafricaine et canadienne. Colette Jeannine Minka a débuté son intervention en présentant les trois thèmes abordés :

  • La perception mentale et sociologique de la notion de management,
  • L’appropriation du management au féminin en Afrique,
  • Les éléments clés d’une démarche managériale de la femme africaine.

Elle a présenté l’approche du Leadership féminin qui se décline sous deux concepts : l’exercice du « Pouvoir » et le Management. Colette Jeannine Minka explique que le management a des particularités, vu sous le prisme du genre en Afrique. Dans la perception mentale, les univers professionnel et familial reprennent les mêmes codes ou fonctionnements : chef/parent, équipe/enfants, orientation de l’organisation définie par le chef de famille/d’entreprise, les bureaux/la maison (le lieu de déploiement), des résultats, un contrôle. Ici le management est illustré par un individu « fort » qui mène une activité en dirigeant un groupe d’autres individus pour l’atteinte de résultats soit professionnels soit familiaux.

D’un point de vue sociologique, le concept de management intègre la notion de genre. Dans l’univers traditionnel africain, le chef de famille/l’homme délègue certains pouvoirs à la femme qui interagit ensuite avec tous les intervenants de leur univers traditionnel (famille, belle famille, société) en plus des taches du foyer et professionnelles. Colette Jeannine Minka fait un parallèle avec la femme occidentale. La reconnaissance de cette dernière commence dès le Moyen Age avec le droit à l’héritage, pour en 1975 aboutir à une journée de la femme décrétée par l’ONU.

Colette Jeannine Minka introduit la partie sur l’appropriation du management au féminin en Afrique, en démontrant qu’intrinsèquement la femme africaine est une auxiliaire du pouvoir. Elle présente naturellement des qualités managériales issues de sa position d’interaction au sein de son univers traditionnel africain, et de son double savoir (sagesse africaine + école des « blancs »). La femme africaine doit s’auto-organiser et s’adapter pour son projet de vie.

Sur la démarche managériale de la femme africaine, Colette Jeannine Minka explique que la femme manager africaine est plurielle et gère de nombreux domaines de front. Selon la définition du manager, elle « conduit, dirige, entraine de manière contrôlée les ressources pour un résultat escompté », et ceci dans l’administration, la famille, les associations et dans l’entreprise.

La femme africaine a beaucoup d’atouts et de potentialités pour être un bon manager. Mais elle manque d’assurance en elle.

En conclusion, Alix Lebrat, Directrice Générale de Canal+ Afrique au Congo Brazzaville est intervenue. Elle vit depuis 3 ans au Congo Brazzaville et a constaté que la problématique de l’égalité femmes-hommes est cruciale pour le développement de l’économie d’un pays. Sensible à la mise en avant des talents féminins, elle considère que les dernières élections aux Etats-Unis sont une avancée. Même s’il y a toujours des réactionnaires sur la place des femmes, elle préfère regarder mêmes les petites avancées. Alix Lebrat estime que chaque personne ayant participé au webinaire est acteur dans la diffusion auprès de son environnement du plaidoyer en faveur des femmes, en rappelant que cela passe d’abord par l’éducation des enfants et l’image de la femme qui leur est inculquée. Elle met également l’accent sur l’auto-limitation que la femme s’inflige dans ses projets professionnels. Elle invite la femme à combattre son manque de confiance en elle. Enfin, elle termine sur les questions que les femmes se posent sur comment lier vie professionnelle et vie de famille épanouie. Sa réponse : l’organisation.

Questions & Réponses

Colette Jeannine Minka

Est-ce qu’Emploi Service prend des mesures pour favoriser les carrières des femmes ?

Emploi Service débute en 1994 avec une femme. Aujourd’hui au niveau du management, des femmes occupent des postes clés : finance, contrôle de gestion, direction de division. Même si la parité n’est pas encore atteinte, cette dimension est intégrée dans le fonctionnement de l’entreprise.

Dans l’univers traditionnel africain, quel rôle l’homme délègue-t-il à la femme ? Est-ce important que cela change ? Pourquoi ?

Cette délégation doit continuer. Mais il y a une contradiction : l’homme fait confiance à la femme et en même temps il dit qu’elle n’est pas à la hauteur.

Fatime Christiane N’Diaye

Est-ce que les violences au travail rejoignent la question du harcèlement ?
Le BIT fait un travail de recherche sur les violences au travail. Ces dernières ne concernent pas que le harcèlement moral. Ce sont aussi des violences physiques. Les travailleuses domestiques sont violentées par leurs patrons et patronnes. Les travailleuses dans la rue subissent quotidiennement le vol et les coups. Les violences en Afrique couvrent une vaste gamme (insultes, harcèlement sexuel, moral, etc.).

Quels sont les mécanismes pour soutenir les femmes qui sont victimes de violence au travail ?
L’OIT (Organisation Internationale du Travail) est tripartite et est constituée de travailleurs, d’employeurs et de gouvernements. L’OIT travaille avec les syndicats d’employeurs et de travailleurs pour les sensibiliser sur la question de la violence et pour qu’ils instaurent des systèmes d’écoute des travailleuses violentées. Mais cela reste difficile d’avoir des plaintes de la part de ces dernières car elles ont peur de perdre leur travail du fait la conjoncture économique défavorable. Par exemple, les jeunes femmes acceptent de signer des contrats ne les engageant à ni se marier ni avoir des enfants durant trois ans. Ceci est une forme de violence. De la même façon, les domestiques violentées minimisent la claque qu’elles reçoivent de leur employeur. Il y a un concept de degré de violence. L’OIT travaille avec les domestiques sur ce sujet au Sénégal.

Est-ce que des pays africains ont adopté des mesures fiscales sur le travail des femmes et quels types de mesures peuvent être mises en place ?
Les mesures qu’un Etat peut prendre sont nombreuses et elles dépendent du secteur dans lequel un Etat veut les prendre. Des mesures pourraient être prises pour aider les femmes entrepreneuses à renforcer leur économie, même s’il y a égalité devant la loi fiscale. Par exemple, les coopératives pourraient être exonérées d’impôts en fonction de leur capital. Autre exemple : le soutien des entreprises qui ouvrent des crèches pour faciliter la vie professionnelle et personnelle des femmes.

Il faut innover et développer l’importance d’une fiscalité promouvant l’égalité professionnelle et imaginer les mesures les plus pertinentes en fonction des pays.

Les femmes rurales sont-elles prises en compte dans les politiques de protection des droits des femmes ?
L’OIT dispose d’un programme sur les travailleuses et travailleurs ruraux. Les femmes se retrouvent très souvent dans le secteur rural et n’ont pas accès aux ressources du droit. Il faut regarder attentivement les législations nationales, comme les lois matrimoniales, qui ont un impact négatif sur les femmes rurales. Il y a la problématique de la formation. En milieu rural, les coutumes et croyances socio-culturelles sont plus dures à déconstruire. Le BIT est confronté à un nouveau phénomène : la femme rurale dans les nouvelles formes d’agriculture. Les femmes sont employées sans contrat. Par exemple, une entreprise a passé des contrats avec un comité villageois auquel le salaire des femmes était versé et sur lequel il prélevait sa dîme. Les femmes employées étaient payées en produit et en salaire. Il y a des problèmes qui se conjuguent et qui vulnérabilisent encore plus la femme rurale. Il est nécessaire de renforcer, par exemple, les questions d’accès à la terre et de financement.

 

Biographies

Photo Morgane Viguet petiteMorgane Viguet, historienne de formation, Morgane est tombée dans le Web autour d’un (heureux) hasard. Après 4 ans, passés au sein d’un grand groupe hôtelier en tant Chef de projet E-learning, elle a décidé de s’investir plus largement dans l’éditorial Web à la suite d’une formation continue. Désireuse de voir autre chose et de donner plus de sens à sa vie professionnelle, elle a passé 6 mois à Québec pour le compte de Québec Numérique, ce qui lui a permis d’évoluer dans l’univers captivant des startups et du numérique : un monde jeune, dynamique et innovant. Impliquée dans l’association WoMen’Up depuis plus de trois ans, Morgane porte un regard particulier aux problématiques hommes/femmes et bénéficie de rencontres et de d’échanges très inspirants. Aujourd’hui, elle se lance dans un grand voyage entrepreneurial. Elle ambitionne d’aller rencontrer des ambassadeurs du changement dans le monde et d’en réaliser un webdocumentaire. Ce projet vise à montrer les différents visages de cet entrepreneuriat social et solidaire, de ces hommes et de ces femmes qui se bougent pour faire bouger les choses.

Son leitmotiv : un monde en mutation, des Faiseurs en action !

Fatime Christiane NDiaye_BITFatime Christiane N’Diaye, Spécialiste Technique Principale Genre pour l’Afrique francophone est membre de l’Equipe d’Appui Travail Décent de Dakar. Juriste de formation, elle a une expérience de 20 ans au Bureau international du Travail (BIT). Avant de rejoindre l’Equipe d’Appui Travail Décent, elle a occupé diverses fonctions dans la coopération technique du BIT en Afrique dont la coordination de projets sous-régionaux de lutte contre la pauvreté par la promotion d’emplois décents et l’égalité entre les femmes et les hommes. Dans ce cadre elle s’est investit, en milieu rural et urbain, dans diverses problématiques, notamment : le développement local, la micro-finance, la formation, l’entrepreneuriat féminin, l’économie sociale et solidaire, l’intégration des questions de genre dans les politiques, stratégies et actions de développement. Durant de longues années, elle s’est impliquée dans la société civile et y a occupée le poste de Directrice du Conseil des ONG d’Appui au Développement du Sénégal (CONGAD). Mme N’Diaye a débuté sa carrière professionnelle comme Assistante en Sciences Juridiques et Economiques à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.

Emploi Service, Leadership femme africaine

Colette Jeannine Minka : de sa création en 1994 avec une dizaine de salariés et un seul client, Emploi Service est aujourd’hui un mastodonte présent dans 12 villes au Cameroun avec des filiales au Gabon, au Tchad, au Congo, en République Démocratique du Congo mais également en Amérique à travers une agence au Canada. C’est probablement l’une des débatteuses les plus redoutables en Afrique (Source : Business Jeune Magazine).

 

Alix Thiepot C+ 2015-07-11 17.56.36Alex Lebrat est diplômée d’ESCP Europe. A partir de 2012 et après avoir participé au lancement du bouquet de télévision payante du groupe CANAL+ au Vietnam, elle a été en charge du business development de CANAL+ en RDC et au Gabon. Depuis juin 2014, elle est Directeur Général de la filiale du groupe CANAL+ au Congo Brazzaville.

 

 

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