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COMPTE-RENDU La politique RSE de Vivendi, enjeux et gouvernance

Le 24 avril 2015 -

Le 24 avril 2015, Pascale Thumerelle, Directrice de la responsabilité sociétale d’entreprise de Vivendi, nous a présenté la politique RSE de Vivendi, ses enjeux et sa gouvernance, en nous montrant comment elle se positionnait sur le coeur de métier de l’entreprise – culture et médias. Durando Ndongsok, Directeur général, S2 Services, et Co-fondateur de la plateforme camerounaise www.rse-csr.org a modéré la session.

35 personnes participaient, de 7 pays – Bénin, Cameroun, Chine, Côte d’Ivoire, France, Maroc et Sénégal :

  • Des collaborateurs de Canal+ Afrique Bénin, Côte d’Ivoire et Sénégal et de Vivendi
  • 13 représentants de 9 entreprises du réseau Reve (Réseau Economie Verte et Environnement) de Côte d’Ivoire, grâce à BeDevelopment
  • 18 participants

Voici la présentation :

Présentation Vivendi 24 avril 2015

(PDF)

 

Les enjeux RSE de Vivendi

Vivendi, au travers de ses filiales Groupe Canal +, Universal Music Group et Vivendi Village, a un positionnement particulier compte tenu de son secteur d’activité : médias et contenus, lié à la culture au sens large. Ce positionnement lui confère des enjeux et des risques particuliers, qui ont besoin d’être appréhendés de façon spécifique. Ces enjeux sont moins balisés que ceux d’autres secteurs, par exemple les secteurs à fort impact environnemental comme les industries extractives, les industries chimiques etc.

C’est ce travail en profondeur d’identification de ces enjeux et risques, et d’engagement avec les parties prenantes pour les définir, puis pour les faire reconnaître comme des enjeux sociétaux clés, bâtir la politique RSE du groupe, et rendre compte de sa performance, que Pascale Thumerelle a partagé avec les participants.

Vivendi a défini deux types d’enjeux :

1. Les enjeux « cœur de métier », qui font la particularité de l’approche RSE de Vivendi :

  • Promotion de la diversité culturelle
  • Accompagnement & protection et de la jeunesse
  • Partage des connaissances
  • Valorisation & protection des données personnelles

2. Les enjeux liés au statut de grande entreprise, cotée et d’envergure mondiale:

  • Vigilance dans la conduite des affaires
  • Accompagnement social et professionnel des salariés
  • Développement économique, social et culturel des territoires
  • Respect de l’environnement à l’ère numérique

Vivendi a été pionnier parmi les groupes de médias et les industries culturelles dans la définition des enjeux cœur de métier, et certains enjeux, à l’origine considérés comme non-liés à la RSE, sont devenus avec le temps des enjeux clés pour l’ensemble du secteur – ainsi la protection de la jeunesse dans ses usages du numérique.

La RSE est la réponse des entreprises au défi du développement durable. Sur la base des enjeux cœur de métier, Vivendi a donc défini sa contribution au développement durable de manière spécifique :

  • Satisfaire le besoin des générations actuelles et futures de communiquer
  • Nourrir leur curiosité
  • Développer leurs talents
  • Encourager le dialogue interculturel

Vivendi a également rattaché ses enjeux RSE cœur de métier aux droits de l’homme en s’appuyant sur des référentiels et des cadres internationaux :

Promotion de la diversité culturelle

  • Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 (art. 27)
  • Déclaration universelle de l’Unesco sur la diversité culturelle de 2001 (art. 5)
  • Convention de l’Unesco sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles de 2005 (art. 2)

Accompagnement & protection et de la jeunesse

  • Convention des droits de l’enfant des Nations unies de 1989 (art. 27)
  • Droits de l’enfant et principes régissant les entreprises du Pacte mondial des Nations unies, l’Unicef et Save the Children (mars 2012)

Partage des connaissances

  • Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne de 2000 (art. 11) relatif à la liberté d’expression et d’information
  • Objectifs du millénaire pour le développement des Nations unies (2000)

Valorisation et protection des données personnelles

  • Charte des droits fondamentaux de l’Union Européenne (art.8)
  • Principes directeurs de l’OCDE à l’intention des entreprises multinationales
  • Convention du Conseil de l’Europe n° 108 pour la protection des personnes à l’égard du traitement automatisé des données à caractère personnel

Pascale Thumerelle a rappelé les grandes étapes du déploiement de la politique RSE de Vivendi :

2003 : Définition des enjeux RSE stratégiques. Elle s’est faite en se fondant sur les activités des filiales dont la caractéristique commune est la production et la distribution de contenus. A cette fin, des comités RSE ont été créés pour mobiliser les collègues des filiales.

2004 : Mise en place du protocole de reporting. Ceci a induit une harmonisation (en interne et avec les PP externes), des indicateurs, afin que les collaborateurs utilisent les mêmes définitions pour un reporting robuste.

2006 : Lancement des « roadshows investisseurs » pour inviter ces derniers à intégrer la politique RSE de Vivendi dans leur analyse stratégique. Les questionnaires des agences de notation extra-financières envoyés aux entreprises traitaient, à cette date, notamment de questions environnementales, ce qui n’était pas pertinent pour le secteur d’activité de Vivendi. Initier ces roadshows avec les investisseurs ouvrait une voie pour expliquer cette politique RSE spécifique à Vivendi et au secteur des médias. Il y a eu 6 rencontres en 2006, et 53 en 2009 en Europe et en Amérique du Nord.

2007 : Création d’un comité des risques

2008 : Signature du Global Compact des Nations Unies. Cette signature a été l’occasion de définir la sphère d’influence pour le secteur des médias.

2009 : Vivendi est membre fondateur du groupe de travail sectoriel médias de la Global Reporting Initiative (GRI)

2010 : Intégration d’objectifs RSE liés aux enjeux cœur de métier dans la rémunération variable des dirigeants

2011 : Vivendi est membre fondateur de la « CEO Coalition pour un internet plus sûr pour les enfants » créée par la Commission européenne. Cette contribution illustre l’importance accordée par Vivendi au principe de vigilance envers les jeunes publics et leur usage d’Internet.

2012 : Intégration d’un chapitre dédié aux informations sociétales, sociales et environnementales dans le document de référence. C’est une évolution structurante qui améliore la gouvernance du processus de reporting RSE. Les commissaires aux comptes vérifient les indicateurs RSE publiés dans le document de référence.

2013 : Lancement du projet pilote de reporting intégré illustrant comment les investissements de Vivendi dans la diversité des contenus créent de la valeur sociétale et financière.

2014 : Consultation des parties prenantes sur la politique RSE de vivendi.

2015 : Intégration de la protection des données personnelles parmi les enjeux RSE « cœur de métier ». Ce quatrième enjeu est inclus dans la rémunération variable des dirigeants en 2015. Poursuite du projet pilote de reporting intégré sur le capital culturel en l’étendant à un périmètre international et en l’introduisant dans une gestion intégrée de l’entreprise.

Le reporting et la rémunération des dirigeants

Accéder au document de référence 2014

(Chapitre 1 : p. 16-18 et Chapitre 2 : p.41-87)

L’Europe et la France ont adopté un cadre réglementaire au sujet du reporting extra-financier. En tant qu’acteur leader de son industrie, Vivendi a mis en place des indicateurs spécifiques à ses enjeux cœur de métier, par exemple :

  • Nombre de premiers et deuxièmes films financés par Canal +
  • Pourcentage des ventes d’Universal Music réalisés par les répertoires locaux dans leurs pays
  • Initiatives visant à sensibiliser les jeunes publics et leur entourage à une utilisation responsable des produits et services

Ces indicateurs sociétaux cœur de métier sont essentiels. On constate qu’ils sont corrélés à la performance économique de l’entreprise. Ainsi, 60% des revenus d’Universal Music Group viennent des talents locaux, montrant que le repérage et l’accompagnement de jeunes talents locaux est essentiel pour la performance de l’entreprise.

Dans son projet de reporting intégré, Vivendi démontre que les investissements dans la diversité des contenus musicaux et cinématographiques satisfait l’intérêt général (valeur sociétale) et assure au groupe un avantage compétitif par rapport à ses concurrents (valeur financière). Ainsi par exemple, pour 84% des abonnés Canal + est la chaîne de référence pour le cinéma: cet indicateur est sociétal et économique. Vivendi évalue les progrès réalisés par Canal + dans ses investissements de contenus locaux africains – Ils représentaient cette année 3 millions d’euros et sont voués à croître – l’indicateur permettra d’analyser cette croissance. Studiocanal, principal acteur européen en matière de production, d’acquisition, de distribution et de ventes internationales de films et séries TV, a misé sur l’Europe, car c’est un gros marché à la fois en termes de consommateurs et de réserve de talents. Le résultat économique est très positif, ainsi que l’impact sociétal.

Depuis 2010, la rémunération variable des dirigeants inclut des objectifs RSE, comme par exemple :

  • les investissements pour accompagner les talents locaux dans les marchés émergents d’Universal Music Group ;
  • l’engagement par Canal + de promouvoir la place des femmes expertes à l’antenne qui s’expriment sur leur domaine de compétences ;
  • les formations des employés concernent la protection des données personnelles etc. ;

L’évaluation de l’atteinte de ces objectifs RSE par les cadres dirigeants (1 202 cadres concernés en 2014) est assurée par le Directoire et le Conseil de Surveillance en liaison avec un cabinet extérieur.

Vivendi a intégré en 2014 la SICAV Libertés et Solidarité de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) qui sélectionne les entreprises en fonction de leur politique de droits de l’homme. C’est un Comité éthique composé de personnalités indépendantes qui choisit les entreprises. La politique RSE de Vivendi est par ailleurs bien notée par les agences de notation extra-financière et par les investisseurs.

Pascale Thumerelle rapporte au directeur du développement et de l’organisation, membre du Directoire de Vivendi.

Initiatives

Le programme de solidarité Create Joy soutient les associations qui aident les jeunes défavorisés à développer leurs compétences dans les métiers du groupe (cinéma, musique, journalisme, internet, …). Create Joy a des critères précis de sélection des projets (nombre d’organisations partenaires, présence de femmes/filles etc.).

Le site Culture(s) with Vivendi, la web radio RSE Vivoice sont des outils privilégiés de dialogue avec les parties prenantes de Vivendi. Culture(s) with Vivendi et Vivoice facilitent les prises de paroles, les échanges, sur les grands sujets traitant de la RSE et du développement durable. Culture(s) with Vivendi illustre la chaîne de valeur des industries culturelles et de médias.

Le récent partenariat avec Sciences Po illustre cette volonté de dialogue. Dans le cadre de ce partenariat, Vivendi a organisé un colloque sur la place des femmes dans le cinéma et les séries TV qui a réuni le 26 mars 2015 des chercheuses et des professionnelles. A l’automne, un Prix sera décerné à des étudiants de Sciences Po, originaires du continent africain, qui auront rédigé le meilleur essai traitant de la contribution de la culture au développement durable en Afrique.

Questions

Quels sont les moteurs de la RSE pour Vivendi ?

Vivendi se nourrit du dialogue avec ses nombreuses parties prenantes : UNESCO, Commission européenne, ONG, pouvoirs publics, artistes, collaborateurs, académiques, organisations professionnelles, etc. Ce dialogue permet de confronter la vision de Vivendi avec celle proposée par les parties prenantes. Vivendi travaille en coopération avec les pouvoirs publics et avec les experts sur les sujets émergents. Ceci répond à un besoin d’avancer ensemble avec les parties prenantes.

Benchmarking : comment se place Vivendi par rapport à d’autres grands médias dans le monde ?

Les discussions du Groupe de travail sectoriel médias de la Global Reporting Initiative (GRI) montrent que les enjeux cœur de métier de Vivendi sont de plus en plus partagés. Il est intéressant de constater que la vision de la diversité culturelle européenne est différente de celle des USA par exemple. L’Europe est attachée à la diversité des contenus culturels et des expressions artistiques: en France cela se traduira par la reconnaissance de nouveaux talents, l’accompagnement des jeunes auteurs etc. Aux Etats-Unis, la diversité de la création culturelle s’attachera davantage à la place et la visibilité des différentes minorités.

Vivendi se distingue par des initiatives telles que :

  • Vivendi est la seule entreprise à avoir inclus la promotion de la diversité culturelle dans la rémunération variable de ses dirigeants.
  • La volonté d’apprécier la contribution de la culture au développement local. Ainsi en 2006, Vivendi a lancé une formation d’ingénieurs du son à Bamako, sur le constat qu’une telle formation contribuerait à former les techniciens du son localement. Cette formation a permis d’enregistrer « Made in Bamako » à une période de vives tensions dans le nord du Mali.
  • Création d’un site dédié à « la culture au cœur du développement durable » et d’une webradio RSE.

Comment s’articulent le local et le global au sein de la RSE de Vivendi ?

Les orientations stratégiques des enjeux RSE et leur mise en oeuvre (par exemple, l’intégration des critères RSE dans la rémunération variable des dirigeants) sont définies au niveau du groupe. Au niveau local, les équipes doivent respecter les lignes stratégiques du groupe mais peuvent entreprendre des actions qui répondent à des besoins de leurs parties prenantes. Le siège demande aux dirigeants locaux de remonter leurs initiatives afin d’avoir une vision complète de l’engagement RSE de Vivendi. Les dirigeants locaux auront un rôle particulier dans l’accompagnement des talents locaux, le développement de nouveaux services innovants en matière de diffusion de contenus, etc.

Quelles sont les résistances rencontrées dans la définition et la mise en œuvre de la politique RSE ?

Il y a 12 ans, nos enjeux identifiés ne semblaient pas aussi reconnus que l’environnement ne l’était pour les groupes industriels ou les violations des droits de l’homme pour le secteur extractif. Il a fallu beaucoup d’énergie pour expliquer que les enjeux RSE du secteur des médias sont spécifiques et au cœur du développement durable de nos sociétés.

Quels sont vos objectifs l’an prochain pour votre reporting intégré ?

Nous souhaitons approfondir notre démarche de reporting intégré. Nous allons élargir notre groupe de travail en interne afin de mieux évaluer la création de valeur de Vivendi pour l’ensemble des parties prenantes de Vivendi. Nous visons ainsi à délivrer dans le document de référence une information plus synthétique et plus stratégique.

Quel est l’impact des indicateurs sur les parties prenantes ?

En juillet 2014 nous avons mené une consultation auprès de 40 parties prenantes externes afin de mieux connaître leur perception de la politique RSE de Vivendi. Nous leur avons envoyé un questionnaire (nous avons eu un bon taux de retour – 65%) et nous les avons réunies. Les enjeux RSE « cœur de métier » définis par Vivendi ont été reconnus comme particulièrement pertinents.

Est-ce que vous tenez compte de la brochure de la Commission européenne sur principes aux entreprises sur les droits humains sur technologies de l’information et communication ?

Oui, et nous tenons aussi compte des Principes directeurs de l’ONU pour les entreprises et les droits de l’homme, des Principes directeurs de l’OCDE pour les entreprises multinationales, le Pacte mondial et les ligues directrices de la GRI (générales et celles spécifiques au cœur des métiers).

Photo : couverture de l’album Made in Bamako, produit par Vivendi

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