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Compte-rendu « Standards RSE sectoriels : pour une utilisation efficace au Sud » – Webinaire du 14 septembre 2013

Le 14 septembre 2013 -

Cet évènement s’inscrit dans le programme de webinaires RSE et PED  pour diffuser plus largement la RSE au Sud. 

Ce premier webinaire  RSE et PED s’est tenu avec succès le 14 septembre. Nous avions 30 participants, dont 10 qui se sont connectés en groupe du Cameroun, les autres étant connectés depuis la Chine, le Gabon, la Guinée, le Maroc, la RD Congo et la France.

Compte-rendu et présentation

Cécile Rechatin, Consultante RSE, a fait une présentation détaillée des standards RSE, que vous pouvez télécharger.

Voici une synthèse des questions et remarques très riches et variées des participants :

Autour de l’enjeu de crédibilité et de visibilité des standards ou initiatives

  • Pour certains, les normes volontaires créent une incompréhension autour de la mise en œuvre efficace de la RSE dans les pays en développement. Ou encore, la multiplicité des standards volontaires, promue par les organisations internationales, est une façon de se défausser sur les entreprises pour ce qui concerne la régulation. Certains pensent que les standards volontaires répondent à la volonté des entreprises de réduire l’édiction de règles obligatoires !
  • Les industries extractives ont la volonté de préserver l’environnement car il constitue leur source de matière première, mais cela-t-il suffit pour gagner une crédibilité durable auprès des collectivités locales (parties prenantes) ?

Sur le caractère volontaire des initiatives et le rôle des Etats

  • Du fait du caractère volontaire des initiatives, on peut penser que la certification et l’adhésion à des initiatives RSE en Afrique trainera toujours le pas. Du coup, il peut s’avérer nécessaire de définir des standards vérifiables avec des « obligations » pour les entreprises par secteur d’activité. Certains considèrent que les États devraient s’accorder pour véritablement responsabiliser les multinationales.
  • Certaines entreprises qui s’engagent dans ces initiatives sont des multinationales car elles sont cotées en bourse en Occident. Elles souhaitent notamment soigner leur image. Un levier pourrait être que les pays d’origine de ces multinationales prennent des mesures par rapport à leurs investissements à l’étranger et peu de pays le font, car il peut y avoir un rapport de force défavorable. Dans le secteur minier, il y a les exemples du processus de Kimberley et de l’ITIE.
  • Les pays d’origine des entreprises sont en train de mettre des outils en place. Les USA ont voté la loi Dodd Frank, et l’UE la directive contre la corruption. On peut donc faire un travail de lobbying avec les pays d’origine, mais on peut aussi développer des lois en Afrique.

A propos des conflits d’intérêt et d’opacité des affaires

  • Le fait aussi que les responsables politiques de nos pays africains soient actionnaires dans un certain nombre d’entreprises ne fait pas avancer les standards car elles ne sont pas soumises au contrôle.

Autres questions

Comment la RSE peut être effective au niveau de la propriété intellectuelle dans les pays en développement ? A notre connaissance, il n’y a pas de standard pour protéger la propriété intellectuelle.

Existe-t-il des initiatives avec plusieurs niveaux d’avancement ou d’exigence ? Oui par exemple, l’initiative sur les forêts (Rainforest action/FSC). Il s’agit souvent d’initiatives anciennes qui ont une approche progressive, avec un accompagnement et une évolution dans l’atteinte du standard. Il existe aussi des approches récentes qui n’imposent pas d’emblée des choses trop complexes qui peuvent avoir des coûts importants. Il y a souvent un juste équilibre à trouver entre le niveau d’exigence et le nombre d’entreprises qui adhèrent à une initiative ou norme.

Quelle est la meilleure initiative qu’on peut conseiller aux entreprises africaines ? Car il faut le savoir bon nombre de pays africains n’ont même pas de lois sur la normalisation. Cela est vraiment variable selon le domaine et du pays dans lequel l’entreprise opère.

Questions et pistes pour approfondir

  • Développer les mécanismes de marché comme bénéfices (exemple de l’indice environnemental des navires : certificat qui leur permet de payer des droits inférieurs dans les ports par rapport autres navires).
  • Pourquoi se focaliser sur les entreprises multinationales ? Les artisans et les micro-entrepreneurs font partie de l’économie informelle des PED. Les TPE et PME sont les entreprises de demain et représentent une part importante du tissu économique d’un pays : comment les engager dans la RSE dans les PED ?
  • Comment la voix des associations pourrait-elle être mieux entendue au niveau de l’effectivité de la RSE dans les PED ?
  • Pour les entreprises cotées en bourse, comment peut-on mieux exploiter la notation extra-financière qui intègre la RSE dans le système financier ?
  • Mettre en exergue la gouvernance, et dénoncer les liens entre gestion opaque des entreprises et RSE.
  • Regarder ce que fait le NEPAD pour la diffusion des initiatives et standards de développement durable et voir si quelque chose peut être impulsé.
  • Les participants pensent qu’il serait souhaitable d’approfondir sur les secteurs minier, des ressources naturelles, des forêts… qui sont très dominants en Afrique.

Présentation du webinaire

De nombreux standards sectoriels se sont développés depuis 10 ans. Ils sont devenus un instrument essentiel d’engagement RSE des entreprises, en fournissant à celles-ci des standards adaptés aux spécificités d’une industrie donnée, une opportunité d’engagement collectif et d’échange avec des entreprises paires, et la possibilité de rendre crédible et visible cet engagement.

Toutefois, leur limites sont souvent soulignées : prolifération qui les rend peu lisibles et difficiles à évaluer, absence parfois de crédibilité (absence de certification ou de mécanisme de contrôle, initiatives unilatérales qui n’associent pas les parties prenantes), manque de puissance quand trop peu d’entreprises s’engagent, efficacité d’une régulation uniquement privée de la RSE etc…

En outre, avec la croissance économique et celle de la RSE dans les pays en développement et émergents, on peut se demander si ces standards sont adaptés et répondent aux attentes de ces pays.

Cécile Rechatin, Consultante RSE, fera une analyse critique des standards sectoriels et présentera les tendances récentes.

Jean-Marie Bolika, Chef de projet WWF, RD Congo, modèrera le webinaire avec une perspective africaine.

La discussion portera sur comment les entreprises, et aussi les autres acteurs, y compris la société civile, peuvent utiliser ces standards avec un impact positif pour les entreprises, mais aussi pour la société et l’environnement.

Biographies

Cécile Rechatin
De formation scientifique, je suis actuellement Consultante en Responsabilité Sociale des Entreprises. J’ai auparavant occupé des postes d’évaluation environnementale et sociale de projets (secteurs industriels et infrastructures) dans le secteur financier, à Coface et Société Générale. J’ai été récemment impliquée dans la définition de politiques sectorielles de développement durable, ce qui m’a amenée à explorer les multiples standards et initiatives lancés ces dernières années. J’anime depuis quelques mois un blog en anglais (sustainability-initiatives-and-standards.com) sur le sujet. J’ai également le plaisir d’être au conseil d’administration de RSE et Développement.

Jean-Marie Bolika
Je suis détenteur d’un Master professionnel en droit des affaires. Actuellement , je suis chef de projet au Fonds Mondial pour la Nature (WWF) en République Démocratique du Congo. Mon travail consiste essentiellement sur l’appui à la société civile et les communautés riveraines de concessions forestières pour les accords sociaux du cahier de charges. Je suis également Contributeur pour la République Démocratique du Congo et Membre du Conseil d’administration de RSE & Développement.

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