Agenda du développement post-2015 – Papier de position française élaboré en concertation avec la société civile

« Je suis fier d’introduire ce document qui présente la position française sur l’agenda post- 2015. Cette contribution est le fruit d’un travail de concertation intense avec la société civile initié dans le cadre des Assises du développement et de la solidarité internationale. Cette concertation a rassemblé plus de soixante ONG françaises et permis un dialogue approfondi entre la société civile et le gouvernement. La richesse de ce document est le reflet de ce processus exemplaire.

La définition de l’agenda de développement après 2015 est une priorité de premier ordre pour la France. Le défi qui est le nôtre est immense : il s’agit de définir des objectifs communs qui nous permettent de garantir une vie digne à bientôt 9 milliards d’individus sur une planète aux ressources limitées et au changement climatique accéléré. Ces deux défis ne peuvent plus être pensés séparément. Nous nous devons d’intégrer cet impératif de soutenabilité pour réussir à lutter contre la pauvreté et réciproquement. Ainsi, nous ne pourrons continuer à progresser en matière de sécurité alimentaire et de lutte contre la mortalité infantile si nous échouons à limiter le réchauffement climatique qui menace la production agricole de nombreux pays en développement. C’est pourquoi, la France fait de la convergence dans un seul agenda en 2015 des processus de définition des objectifs du développement durable (ODD) et de la révision des objectifs du millénaire pour le développement (OMD), le fondement de sa réflexion.

Cette convergence implique de penser de nouveaux objectifs du développement durable tout en capitalisant sur les acquis des OMD. Car les objectifs du millénaire pour le développement ont permis une mobilisation internationale sans précédent et des progrès spectaculaires : depuis l’an 2000, 600 millions de femmes et d’hommes sont sortis de la pauvreté, 43 millions d’enfants ont pu être scolarisés. Pour autant, nous savons que malgré ces progrès, nous n’aurons pas achevé la réalisation des OMD d’ici 2015. En matière de lutte contre la pauvreté, d’accès aux services sociaux comme l’éducation et la santé, nous aurons à maintenir nos engagements au-delà de 2015 pour permettre à tous de vivre décemment.

C’est pourquoi, la France porte une approche par les droits. Les droits sexuels et reproductifs, à l’alimentation, à l’eau et à l’assainissement, à la santé, à l’éducation ou au logement, sont des droits fondamentaux universels. Ils sont la condition d’une vie décente pour tous. Leur violation est à la fois la cause et la conséquence de la pauvreté. Ces droits nous nous battrons pour qu’ils bénéficient de la même manière aux hommes et aux femmes, et pour qu’ils reposent sur le principe de non-discrimination.
Cet agenda enfin nous le voulons universel. Cela signifie des objectifs qui s’appliquent à tous les pays tout en s’adaptant aux réalités locales et au différentiel de développement. Ce nouvel agenda exige une mobilisation mondiale car le monde durable ne peut se construire sans une transition écologique au nord et un développement soutenable au Sud. Nous devrons innover au Nord comme au Sud pour inventer les modes de production et de consommation qui permettront d’offrir une vie digne à 9 milliards d’êtres humains tout en préservant notre planète.

Je tiens une nouvelle fois à saluer le travail exemplaire de concertation qui a contribué à l’élaboration de ce document. C’est fort de la mobilisation de la société civile française que je porterai cette vision d’un monde plus solidaire dans les enceintes internationales où ont débuté les négociations autour de ce futur agenda. Nous nous engageons aujourd’hui dans une formidable aventure : celle de définir un agenda commun pour une prospérité durable et partagée. Cet agenda est ambitieux. Il est impératif… »

Pascal Canfin Ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé du Développement

Photo : RSE et PED

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