ÉVÉNEMENTS EN LIGNE

RSE et COP21 en Afrique – Enjeux et solutions des entrepreneurs climatiques – Propositions pour de nouvelles solidarités inter-territoriales

Le 20 novembre 2015 -

Projet sous le haut patronage de la Secrétaire d’état au Développement et à la Francophonie de la France

labelCOP21420Sur400                                      

 

 

 

Propositions issues de l’événement multi-lieux organisé à Brazzaville, Brest, Cotonou, Dakar, Kinshasa, Nice, Rennes, Paris Ouest Nanterre, Tanger, Toulouse, Yaoundé, et sur le web

L’événement du 20 novembre a donné lieu à des discussions entre les participants de chaque ville et via internet pour de nouvelles solidarités inter-territoriales en faveur des entrepreneurs climatiques africains. Les propositions de chaque lieu sont restituées dans ce document, et une synthèse est présentée dans les 1ères pages.

Image comm RSE COP21 Afrique vignette

Cahier des propositions (cliquez sur l’image)

Résumé:

« Tout le travail que nous menons, c’est pour le bien-être de toutes les populations »

L’Afrique représente seulement 7,8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, mais subit très sévèrement les impacts du changement climatique – sécheresses, érosion côtière, baisse de la disponibilité de l’eau. 650 millions d’Africains n’ont pas accès à l’électricité. De façon légitime, l’Afrique aspire au développement. Le continent connaît ces dernières années une croissance bienvenue, mais doit prendre le chemin d’un développement économique juste et respectueux du climat et de l’environnement pour être soutenable.

Les solutions entrepreneuriales climatiques en Afrique, basées sur les énergies renouvelables, fournissent une opportunité de taille à la lutte contre le changement climatique. Elles permettent aussi de faire avancer les Objectifs de développement durable en Afrique en fournissant l’énergie nécessaire à l’irrigation de l’agriculture, la réfrigération de la production agricole, le pompage et le traitement de l’eau, des modes de cuisson sans risques pour la santé etc. Notre événement multi-lieux du 20 novembre a montré que ces solutions s’appuyaient sur des modèles d’affaires novateurs et vertueux : coopération et gouvernance multi-acteurs, usage collectif d’installations qui rappelle l’économie de fonctionnalité, innovation frugale, capacités de production locale ajustées aux besoins des individus et des activités génératrices de revenus.

Nous voulons croire que ces solutions entrepreneuriales permettront à l’Afrique, à l’instar de la téléphonie, de faire un saut technologique, pour passer de l’absence d’accès à l’énergie aux énergies renouvelables, sans recours massif aux énergies fossiles. Selon l’IEA[2] les énergies renouvelables pourraient représenter 45% de la capacité énergétique en Afrique subsaharienne en 2040. A cette date, l’accroissement de l’accès à l’électricité en zone rurale se fera à 70% par des systèmes autonomes et des mini-réseaux. 2/3 de l’ensemble des systèmes autonomes et des mini-réseaux sera approvisionné par les énergies solaire, éolienne et hydroélectrique.

Or le développement des énergies renouvelables en Afrique est encore largement insuffisant. En 2040, environ 530 millions d’Africains, en premier lieu en zones rurales éloignées des réseaux électriques, resteront sans accès à l’énergie[3]. Les modèles d’affaires et de fonctionnement des entrepreneurs climatiques doivent être encore améliorés, et leur financement facilité. Face à ces défis, quelles solidarités peuvent être mises en place ?

Dans les lieux participants, en Afrique comme en France, l’Afrique est considérée comme à la fois très peu responsable des changements climatiques mais en supportant fortement les impacts. Les lieux participants appellent les pays développés, largement responsables des émissions de gaz à effet de serre et du réchauffement climatique, à assumer leurs responsabilités et à financer la lutte contre, et l’adaptation aux, changements climatiques en Afrique. Cela doit inclure un soutien fort aux entrepreneurs climatiques.

Ensuite les propositions ont porté sur les nouvelles solidarités inter-territoriales à mettre en place pour que les financements apportés par le Nord en faveur des entrepreneurs climatiques africains aient le plus grand impact possible. Ces solidarités se regroupent autour des grands axes suivants :

Renouveler et renforcer les coopérations entre acteurs

Les coopérations ne sont plus seulement Nord-Sud, mais aussi Sud-Nord : les pays dits développés peuvent apprendre beaucoup des expériences des entrepreneurs climatiques africains pour changer leurs modes de production et de consommation. Ainsi, CDS et Station Energy vendent des solutions solaires destinées à des usages collectifs (s’inspirant de l’économie de fonctionnalité), au niveau local (vs. un réseau d’électricité national). Les installations sont adaptées aux besoins d’un village ou d’une communauté, et non l’inverse. Ces modèles innovants pourraient aider les pays du Nord à transformer leurs propres modèles. Il y a une aspiration pour développer les coopérations Sud-Sud, entre des pays qui ont des préoccupations relativement similaires – ainsi le modèle de village durable E-douar au Maroc a vocation à se diffuser dans d’autres pays africains.

Pour plus d’efficacité et pour accélérer les changements, les coopérations multi-acteurs – universités, gouvernement national et local, élus locaux, société civile, communautés, entreprises etc. – doivent se multiplier et se renforcer. Elles seront mises en place à tous les niveaux : les entrepreneurs climatiques coopéreront avec leurs différentes parties prenantes ; les villes durables créeront des dynamiques territoriales entre les différents acteurs ; les institutions d’éducation et d’enseignement supérieur mutualiseront leurs travaux : projets, programmes, contenus, recherche etc. Ainsi, dès à présent, l’entreprise solaire CDS en Mauritanie travaille avec les collectivités territoriales, les ONG locales et aussi l’Etat, en apportant son savoir-faire pour la maintenance et la gestion des installations photovoltaïques. L’ONG GERES développe en Afrique des solutions qui mixent entrepreneurs, communautés locales et l’ONG elle-même.

Favoriser l’appropriation citoyenne de l’économie – pour les entrepreneurs climatiques et au-delà

Il faut dynamiser l’entrepreneuriat climatique et la responsabilité sociale et environnementale des acteurs économiques au niveau local, en impliquant largement les collectivités territoriales et les communautés locales dans le dialogue avec les entreprises ; en les associant quand c’est opportun à la gestion ou aux opérations de l’entreprise (par ex., à la maintenance des panneaux solaires) ; et en assurant la transparence des entreprises sur leurs opérations et leurs impacts locaux. Un point focal RSE pourra être désigné dans les collectivités territoriales pour faciliter le dialogue avec les entreprises sur leurs impacts sociétaux et environnementaux. En retour, l’entreprise s’appuiera sur les communautés en tant qu’utilisateurs responsables, et employés et partenaires commerciaux engagés.

Mobiliser la finance solidaire pour dynamiser de nouvelles formes de financement

Ces nouveaux financements viendront des investisseurs de la diaspora africaine, du crowd-funding qui mobilise une multitude de petits montants, de coopératives d’investissement qui rassemblent des investisseurs aux valeurs communes. Ils seront dédiés au financement d’entreprises climatiques avec des modèles d’affaires innovants (coopérative, entreprise sociale, économie de fonctionnalité etc.), qui s’appuient sur des principes d’éthique, de transparence, de performance environnementale. Ces nouveaux financements devront mieux répondre aux besoins spécifiques de financement des entrepreneurs climatiques : financement long-terme nécessaire pour les équipements énergétiques, investissements de départ pour des start-ups et des PME (moins élevés que pour les grands projets), financement de l’achat d’équipements en énergies renouvelables, financement de la recherche etc. Les capacités des entrepreneurs climatiques seront renforcées – formation, accès à l’information sur les financements, accès à l’expertise financière – pour faciliter leur accès aux financements.

Mettre au premier plan l’éducation, la formation et la recherche appliquée

L’éducation supérieure et la formation professionnelle doivent inclure à la fois les compétences techniques sur les aspects énergétiques ; mais également des compétences managériales pour aider à la mise en place de modèles d’affaires plus responsables et durables et permettre de maximiser la création d’emplois ; et enfin des compétences en RSE afin de sensibiliser et former les cadres sur les impacts sociétaux et environnementaux des activités de leur entreprise. Que ce soit dans les organisations publiques ou privées, les cadres opérationnels et les cadres dirigeants doivent être formés à la RSE. Afin de permettre les coopérations multi-acteurs et l’appropriation citoyenne de l’économie, toutes les parties prenantes, y-compris les collectivités, communautés et autres acteurs locaux, doivent être sensibilisés aux enjeux de la RSE et, quand c’est pertinent formées à la RSE.

Il faut développer la recherche appliquée sur les énergies renouvelables et les innovations pour l’environnement en Afrique, et favoriser la coopération entre les instituts techniques, les universités et les entreprises, de sorte à améliorer les solutions technologiques pour répondre au mieux aux besoins des populations. La recherche sur les modèles d’affaires permettant des modes de production et de consommation durables devra être accrue pour mieux comprendre et diffuser ces nouveaux modèles. Elle portera également sur les entrepreneurs climatiques africains pour bien comprendre leurs modèles, les clés de leur réussite, et les opportunités d’amélioration.

Les enfants doivent acquérir à l’école la culture de la protection de l’environnement et de la lutte contre changement climatique, afin de mieux comprendre le système pour agir de manière pertinente.

Aider les pays africains à une meilleure gestion de l’ensemble des impacts environnementaux

Au-delà des impacts climatiques, d’autres dégradations de l’environnement sont fortement ressenties en Afrique – déforestation et défrichage non contrôlé, déchets en quantité et mal gérés par exemple. Il faut combattre tous ces impacts avec une approche globale de l’environnement, une gestion de la chaîne de valeur et une approche cycle de vie des produits et services.

Il convient de renforcer et rendre efficace le rôle des états africains pour l’environnement, avec des mesures pour une action publique efficace – fiscalité, y-compris taxes et déductions ; lois y-compris incitatives ; dédouanement de produits bons pour l’environnement etc.

Mesurer les impacts sociaux et environnementaux des produits avec des indicateurs qui privilégient le long-terme

La connaissance et la transparence sur les impacts sociaux et environnementaux des entreprises et des produits sont essentielles pour les atténuer. Les indicateurs doivent être définis par l’ensemble des parties prenantes. Il faut développer des outils permettant de prendre conscience du niveau de dégradation des écosystèmes et de pouvoir mieux évaluer les progressions.

Mettre en place une/des plateforme(s) d’échange(s), de coopération, de diffusion de bonnes pratiques et de mise en réseau des acteurs

Cette, ou ces plateformes, sont appelées à être mises en œuvre pour les entreprises climatiques africaines spécifiquement mais aussi pour les acteurs économiques africains en général. Elles devront être multi-acteurs pour réunir toutes les compétences et prendre en compte tous les points de vue de façon équilibrée, pour faciliter la coopération entre acteurs et pour permettre l’appropriation citoyenne des enjeux sociaux et environnementaux de l’économie.

[1] Responsabilité sociale et environnementale des entreprises

[2] IEA (Agence internationale de l’énergie), 2014, Africa Energy Look

[3] IEA, 2014, Africa Energy Outlook

 

Nos partenaires ont organisé la participation depuis des salles en Afrique et en France, invité des intervenants, invité leurs réseaux locaux à contribuer à l’organisation et à participer, fait part de leur expertise, organisé les sessions locales l’après-midi etc.

Partenaires COP21

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

RSE et PED remercie le Secrétariat d’état au Développement et à la Francophonie de la France pour son patronage, ainsi que l’AFD et l’UCESIF pour leur partenariat pour notre programme d’événements en ligne

logo_MAEDI petit

 

 

 

ucesif-afd

 

 

 

 

Nos partenaires