Portrait de la femme leader dans l’économie africaine

15 juin 2017 - www.RSE-et-PED.info

Lorsque nous avons lancé notre projet Leadership féminin dans l’économie africaine, nous avions que peu d’idées relatives au portrait de la femme leader dans l’économie africaine. Peut-être juste, avions-nous, avouons-le, quelques idées reçues au regard des statistiques sur la condition des femmes en Afrique. Au fur et à mesure des webinaires du projet et de nos recherches, nous commençons à découvrir un portrait loin de ces idées reçues.

The Global Gender Gap Report [1], rapport sur la parité, établit que quatre pays africains sont dans le top 20 des pays les plus avancés sur la question : Burundi, Namibie, Afrique du Sud et le Rwanda qui se classe en 5ème place.

L’étude Women Matter Africa de McKinsey [2] montre que 5% des directeurs généraux des grandes entreprises africaines sont des femmes (comme aux Etats-Unis), soit 1 point au-dessus du niveau mondial. Ce n’est certes pas assez, mais ce chiffre montre bien le potentiel de leadership des femmes africaines. Ce rapport met en exergue la corrélation entre la présence des femmes au sein des conseils d’administration et les résultats financiers améliorés des entreprises. En Afrique, les femmes représentent 14% des membres des Conseils d’administration.

Enfin, une dernière étude indique que l’Afrique est le continent où le pourcentage de femmes entrepreneures est le plus important : 27% en Afrique subsaharienne [3].

Comme l’a si bien montré lors du 1er webinaire de notre projet Colette Minka, Fondatrice de l’entreprise Emploi Service, et comme l’a rappelé Gloria Paraiso-Jossou dans le 3ème webinaire, la femme leader africaine est une femme à multiples responsabilités : professionnelles, mais aussi responsabilités associatives, familiales, à l’école de ses enfants, envers ses parents, pour la gestion financière et logistique de la maison, dans sa communauté religieuse le cas échéant etc.

Présentation Colette Minka – Webinaire RSE et PED – 25 novembre 2016

Au vu du plafond de verre encore persistant pour la femme africaine, il convient de se demander si les informations suscitées sur la participation active et bénéfique de la femme dans l’économie africaine sont suffisamment diffusées. Si elles l’étaient, elles participeraient à :

1/ lui donner confiance en elle,

2/ faire reconnaitre son rôle et ses actions, et

3/ accélérer son accès aux postes et responsabilités qu’elle vise dans le secteur économique africain.

Avec le soutien de Canal+ Afrique, notre Projet Leadership féminin dans l’économie africaine (LFEA) a pour ambition de répondre à ces enjeux auxquels la femme africaine fait face. Nos webinaires – 12 sur 3 ans – visent à renforcer les compétences et les connaissances des femmes, les mettre en réseau, et à réaliser un plaidoyer sur le sujet.

Le projet s’inscrit dans le cadre de l’ODD (Objectif de développement durable de l’ONU) 5 – égalité entre les sexes, et vise plus particulièrement la cible 5.5 – Garantir la participation entière et effective des femmes et leur accès en toute égalité aux fonctions de direction à tous les niveaux de décision, dans la vie politique, économique et publique.

Trois webinaires ont déjà été réalisés, avec des intervenantes issues de l’entreprise, d’organisations internationales et de la société civile, en Afrique et en France.

Lors du premier webinaire, un constat a été fait sur la situation actuelle de la femme africaine. Malgré des avancées certaines au niveau de l’éducation et de la législation, elle continue à subir une discrimination au travail : cantonnée à certains secteurs moins porteurs, première victime dès lors où l’économie faiblit, elle accède insuffisamment au travail formel et aux postes à responsabilités, et ne bénéficie que trop rarement de couverture sociale. La femme africaine reste souvent sous l’influence de sa culture patriarcale qui s’étend du foyer au milieu professionnel, alors que son rôle au sein de l’écosystème social africain la place déjà naturellement comme manager à responsabilités. Enfin, peut-être est-ce dû à cette culture patriarcale, des femmes africaines ont besoin de consolider leur confiance en elle. La religion a été citée comme pouvant être un frein pour les carrières des femmes.

Lors des 2ème et 3ème webinaires, la question de la confiance en soi a été abordée sous l’angle de la recherche d’emploi et de la prise de parole en public en Afrique lorsque l’on est une femme. En gommant cette croyance limitante en son infériorité et en son rôle cantonné à celui de femme dédiée principalement au foyer. Certaines femmes ont souligné que l’on parle encore de « docilité » et sont animées par la peur d’être mal jugées si elles parlent trop tout en occupant un poste à responsabilité !

Lors du 2ème webinaire, il a été recommandé aux femmes africaines de bâtir leur plan de carrière professionnel pour obtenir les postes auxquels elles aspirent, sans autocensure. Avec un plan de carrière construit et pensé, tenant compte des aspirations professionnelles et personnelles, les femmes pourront s’organiser au mieux pour mener de front leur rôle de femme « au foyer » et leur rôle de « manager – leader ». Formée (une des clés de la réussite), compétente, professionnelle et sûre d’elle, cette femme leader africaine saura se faire écouter face à toute audience.

Lors du 3ème webinaire, il a été souligné que toute prise de parole nécessite beaucoup de préparation et une excellente maitrise de son sujet. Il a été rappelé que les compétences de prise de parole en public sont capitales pour la réussite professionnelle, et utiles dans de nombreuses situations :

  • Réunion d’équipe
—
  • Expression d’opinion
  • Présentation de projet
—
  • Animation de réunion
  • Encadrement des collaborateurs
  • Management
  • Evaluation
  • Conseils d’Administration
  • Rendez-vous clientèle
  • Rendez-vous financiers/investisseurs
  • Rendez-vous fournisseurs/sous-traitants
  • Rencontres pairs
  • Interventions Conférences
  • Interventions Médias

Il convient de profiter de toutes les opportunités de prises de parole en public pour développer sa maitrise de la prise de parole et sa confiance en soi.

Selon le Global Gender Report 2016, plusieurs éléments caractérisent le succès des femmes leaders au sein des grandes entreprises  africaines :

  • Leur force de travail est bien plus importante que celle de leurs pairs masculins et les amènent à aller plus loin que ce qui est attendu d’elle,
  • Leur capacité à remplir les objectifs et leur volonté dans la prise de risques et leur volonté,
  • Leur résistance face aux crises,
  • Leur engagement dans la gestion de leur carrière,
  • Leur engagement dans le mentoring, le sponsoring et la mise en réseau.

Ces caractéristiques ne se limitent pas aux femmes leaders africaines occupant des postes élevés dans des grandes entreprises africaines. Elles décrivent également les autres femmes africaines : les cadres, les employées, les étudiantes, les entrepreneures dans les secteurs formel et informel. Toutes sont des leaders qui participent au développement de l’économie africaine… tant qu’elles sauront se faire confiance à elle-même et entre elles.

Tel est le portrait de la femme africaine qui se dessine à ce stade, et les conseils qui sont ressortis lors des webinaires pour aider toutes les femmes africaines à avancer dans leur carrière.

Ce n’est qu’un début ! Rejoignez-nous pour les prochains webinaires !

 

Anne Faleu et Joëlle Brohier, RSE et Développement

[1] World Economic Forum, The Global Gender Gap Report 2016, page 10

[2] McKinsey, 2016, Women Matter Africa, http://www.mckinsey.com/global-themes/women-matter/women-matter-africa

[3] AfrikaTech, 2017, En Afrique un entrepreneur sur quatre est une entrepreneure, http://www.afrikatech.com/fr/2017/04/28/en-afrique-un-entrepreneur-sur-quatre-est-une-entrepreneuse/

Photo : Pixabay

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